Concevoir et intégrer des chansons dans l’enseignement de l’univers social au primaire
Introduction
La réflexion proposée dans cet article découle d’un projet partenarial réalisé en collaboration avec des enseignantes au primaire du Centre de services scolaire des Trois Lacs qui avait pour objectif principal de développer un outil didactique novateur pour l’enseignement de l’univers social en 3e année du primaire en jumelant l’analyse sociospatiale préconisée par le Programme de formation de l’école québécoise à la création, l’interprétation et l’appréciation de productions artistiques (Gouvernement du Québec, 2001).
Intitulé Des chansons pour apprendre l’univers social au primaire (désormais Projet Natanne), ce projet a donné lieu à un album composé de neuf chansons qui abordent les savoirs essentiels préconisés pour l’enseignement de l’univers social en 3e année du primaire : Les Premiers1.
Dans le cadre de cette réflexion, après avoir présenté brièvement la genèse et les étapes de réalisation du projet, nous mettrons en évidence la façon dont trois praticiennes (Nathalie, Anne et Stéphanie) se sont approprié l’outil didactique produit et l’ont intégré dans leurs pratiques d’enseignement ou d’accompagnement des enseignants.2
1. La naissance d’un partenariat
Les savoirs essentiels du domaine de l’univers social qui doivent être enseignés aux élèves de la 3e année du primaire sont vastes. Le territoire nord-américain et ses caractéristiques, l’étude de deux sociétés autochtones et leur mode de vie autour des années 1500 en Amérique du Nord, l’étude d’une troisième société aux traits bien distinctifs vivant à la même époque en Amérique du Sud n’en sont que quelques exemples.
Pour des enfants de 8 et 9 ans, se situer dans leur propre localité constitue un défi de taille. Se construire une représentation de sociétés du passé et de leurs diversités, tout en développant une démarche d’apprentissage à caractère scientifique, représente une tâche encore plus exigeante. Pour ces élèves, se familiariser avec tous les savoirs essentiels préconisés, en conserver l’essentiel et s’en faire des images mentales qui perdureront n’est pas une entreprise facile.
En 2019, Nathalie Chagnon, enseignante de la 3e année du primaire de l’École La Perdriole, considérait qu’il y avait un vide dans le matériel didactique disponible dans son école et à la disposition de ses élèves pour réaliser l’apprentissage des savoirs essentiels en univers social. Souvent sous forme de textes et d’exercices dans des cahiers d’apprentissages ou de pages d’informations écrites sur le Web, cette enseignante et ses collègues ne trouvaient pas de matériel pouvant permettre une forme d’apprentissage plus dynamique et diversifiée.
Aidée par sa collègue et enseignante en musique, Anne Guilbault, elle cherchait des façons de faire complémentaires aux stratégies d’enseignement déjà employées dans leur classe pour les aider à faire face à cette réalité. Ensemble, elles y voyaient l’occasion parfaite de travailler davantage de façon interdisciplinaire.
C’est ainsi qu’elles ont eu la brillante idée de mettre en commun leurs nombreuses années d’expérience professionnelle en enseignement et leur passion pour la musique pour créer des chansons rythmées s’inspirant des tendances musicales populaires auxquelles les enfants sont confrontés dans leur vie quotidienne. Pour concrétiser cette idée, elles se sont entourées d’une équipe en mesure de les assister dans la réalisation d’un tel projet. Comme l’affirment les instigatrices du Projet Natanne:
Nous nous sommes entourées de précieux collaborateurs. D’abord M. Anderson Araújo-Oliveira — professeur titulaire de la Faculté des sciences de l’éducation de l’UQAM —, puis Jean-Michel Soudre — musicien et chanteur professionnel — et, plus récemment, Stéphanie Charland — conseillère pédagogique dans le domaine de l’univers social du Centre de services scolaire des Trois-Lacs. Une graphiste, une pianiste et un chanteur d’origine autochtone se sont également joints à l’équipe à différentes étapes de la mise en place du projet. Ils nous ont aidés à concrétiser ce projet et à donner à notre album le ton professionnel dont il avait besoin pour être diffusé, gratuitement, à grande échelle. (Nathalie Chagnon et Anne Guilbault, enseignantes au primaire)
2. La conception de l’outil
De fil en aiguille, cette idée est devenue un partenariat d’initiative conjointe du chercheur et professeur Anderson Araújo-Oliveira de l’UQAM, de deux enseignantes du primaire et d’une conseillère pédagogique du Centre de services scolaire des Trois-Lacs.
Financé par le Conseil de recherches en sciences humaines du Canada (CRSH), notre objectif principal était de concevoir un outil didactique novateur pour l’enseignement de l’univers social en 3e année du primaire en jumelant l’analyse sociospatiale préconisée par le Programme de formation de l’école québécoise (domaine de l’univers social) à la création, l’interprétation et l’appréciation de productions artistiques (domaine des arts).
Pour atteindre cet objectif, l’équipe a donc travaillé selon trois étapes distinctes, mais interdépendantes:
Première étape : Analyse sociospatiale des trois sociétés préconisées en 3e année du primaire (algonquienne, iroquoienne et inca vers 1500) conduisant à la production de tableaux synthèses des connaissances essentielles sur ces sociétés et de leurs diversités (première étape) ;
Deuxième étape : Composition des chansons suivie de la validation par le chercheur et des membres des Premières Nations3 de la complétude et la rigueur des informations. L’enregistrement des chansons par des musiciens et chanteurs professionnels (avec la participation des élèves de 3e année du primaire), la production de l’album Les Premiers... et sa diffusion sur le site Web du projet. Cette diffusion a également impliqué l’élaboration de notes explicatives complémentaires et des vidéos de type karaoké pour chacune des chansons.
Troisième étape : Identification de pistes d’intégration de cet outil dans l’enseignement de l’univers social ainsi que dans la formation/accompagnement des enseignantes dans le domaine de l’univers social au primaire.
Dans le cadre du Projet Natanne, la composition des textes et de la musique originale des chansons a nécessité plusieurs démarches. À l’aide des tableaux synthèses produits dans la première étape du projet, les enseignantes ont composé neuf chansons permettant de mettre en évidence les caractéristiques essentielles de l’organisation sociospatiale des trois sociétés analysées ainsi que leur diversité.
Elles ont également travaillé à la composition musicale originale inspirée des styles modernes (rap, balade, reggae, hip-hop, latin, rock, lounge, etc.) afin que les élèves démontrent un intérêt pour l’appréciation des chansons qui proposent des rythmes similaires à la musique qu’ils écoutent avec leurs parents et amis. Pour ce faire, elles ont effectué des recherches sur les instruments traditionnels autochtones et leur sonorité.
Le défi était de conserver les textures sonores propres aux chansons autochtones puisque les savoirs essentiels de la 3e année du primaire en univers social présentent trois sociétés autochtones ayant vécu dans les années 1500 en Amérique. Elles se sont laissé inspirer par ceux-ci et les rythmes populaires afin de trouver les mélodies et les tonalités adaptées.
Elles ont ensuite travaillé d’arrache-pied pour réaliser la première ébauche musicale complète qui servirait plus tard aux heures de préparation en studio : recherche de la mélodie pour chaque couplet de chaque chanson et assemblage de celles ci afin de bâtir une chanson complète, maquette musicale permettant d’apprendre par cœur chaque chanson, travail de synchronisation des paroles (où placer les pauses et les emphases syllabiques lorsque les paroles seront chantées), adaptation des ébauches musicales pour améliorer le son ou le rythme de certains instruments, validation de la compréhension des paroles lorsqu’elles sont chantées, etc.
À cette étape, l’équipe a collaboré avec un musicien professionnel de la formation Vilain Pingouin, Jean-Michel Soudre, à la fois guitariste et chanteur afin d’être guidé dans la rythmique des chansons et la sonorité des instruments. Il faut souligner également que, sur une période de quatre ans, l’équipe a expérimenté les chansons auprès des élèves afin de recueillir leurs impressions sur le rythme de la musique, sur leur compréhension de la prononciation des paroles et de vérifier la valeur ajoutée de l’emploi des pièces dans l’enseignement.
Plusieurs élèves ont été impliqués dans les enregistrements faits à l’école hors des heures de classe ou en studio. Cette étape du processus a permis aux élèves participants non seulement de ressentir une fierté auprès de leurs pairs, mais également d’ajouter une part d’eux dans la création d’un nouvel outil didactique, tout en contribuant à développer leur sentiment d’appartenance envers leur milieu scolaire.
3. L’intégration de l’outil
Pour la suite de l’article, nous donnerons la parole aux praticiennes collaboratrices du projet qui témoigneront de la façon dont elles se sont approprié l’outil et l’ont intégré dans le cadre de leurs pratiques professionnelles.
Nathalie, comment as-tu intégré l’outil dans l’enseignement de l’univers social ?
J’enseigne l’univers social sans manuel scolaire ni cahier d’apprentissage particulier depuis maintenant deux ans. Je préfère mettre du matériel à la disposition des élèves (manuels, cahiers d’apprentissages ou textes du Récitus [Récit national de l’univers social]) afin de favoriser l’apprentissage autonome de chacun et l’esprit critique par l’exploitation d’informations et la résolution de problèmes.
Pour travailler la compétence Lire l’organisation d’une société sur son territoire, je place les élèves en équipes et je donne à chacune des équipes un concept avec lequel elle doit se familiariser. Les membres deviennent spécialistes d’un concept ou d’une simple notion en regroupant leurs apprentissages dans une production (un tableau) qui rend compte de leur lecture de l’organisation d’une société sur son territoire.
Ensuite, elles vont partager leurs connaissances aux autres équipes. Nous avons des échanges riches et stimulants en grand groupe et nous comparons ce que nous apprenons sur la société à l’étude avec notre quotidien actuel. Enfin, j’apporte les précisions nécessaires permettant de mieux comprendre le vocabulaire lié à l’histoire, les emplacements géographiques présentés dans le matériel ou la ligne du temps.
La collecte d’informations autonome est un bon moyen de rendre les élèves actifs dans leurs apprentissages, mais elle peut s’avérer ardue et pas toujours plaisante pour tous. Aussi, cette façon de faire ne rejoint pas tous mes élèves. Aucune méthode ne réussit à motiver 100 % du groupe et à assurer la rétention des savoirs essentiels.
Aucune, certes, mais la mise en chansons rythmées de nos savoirs essentiels fait apparaître un plaisir d’apprendre chez un plus grand nombre d’élèves et apporte une dynamique dans mes leçons que les textes à eux seuls n’arrivent pas à créer, même si cette formule est plutôt magistrale. Les chansons de l’album Les Premiers... ajoutent une plus-value à mes cours d’univers social et activent de nouveaux sens chez mes élèves.
Cet éveil sensoriel génère des souvenirs avec les contenus abordés et je réalise que mes élèves retiennent davantage d’informations dans mon enseignement. Je vois même parfois des élèves fredonner mentalement une chanson pour essayer de répondre à certaines questions quand je leur passe une évaluation. Ça me fait sourire !
Pour introduire les chansons à mon enseignement, je procède de différentes manières. Je fais jouer les pièces instrumentales pendant les périodes d’apprentissage autonome comme musique de fond parce qu’elles permettent aux élèves de se familiariser avec la sonorité de certains instruments traditionnels, sans vraiment qu’ils se doutent que la musique qu’ils entendent fait partie d’un instrument d’apprentissage beaucoup plus complet.
Cependant, ce que je préfère de loin est de faire l’étude des textes des chansons et de leur vocabulaire suivi de l’écoute de la pièce. Les chansons peuvent servir d’amorce en classe pour générer la curiosité des élèves face à certaines informations qu’ils approfondiront dans leurs lectures en équipe ou être employées pour réviser tout ce que nous avons appris après les périodes d’apprentissage.
Je vois toujours des petites étincelles dans les yeux de certains élèves quand ils réalisent que les paroles contiennent des termes (comme « le brûlis ») et des informations qu’ils viennent de lire et qu’ils en reconnaissent le sens ! D’une façon ou d’une autre, l’écoute des chansons amène à travailler la compétence S’ouvrir à la diversité des sociétés et de leur territoire.
Puisque l’objectif final du mois de juin est de comparer deux sociétés à l’étude, l’écoute des chansons devient cumulative au fur et à mesure que les mois avancent. Dans nos cours, nous pouvons passer jusqu’à 20 minutes à chanter avant de poursuivre avec la leçon du jour, et ce, au grand plaisir des élèves qui pensent que le cours ne durera que 30 minutes au final — mais moi, qui vois la pédagogie derrière cette pratique, je sais que tout ce que nous chantons est en fait de la révision pour ce gros travail de juin !
Finalement, lorsque je sens que les élèves connaissent bien une chanson parce qu’ils en ont fait l’écoute plusieurs fois (accompagné du texte, version élève à la main), je présente la vidéo qui l’accompagne. Cela ajoute à la rétention des informations en présentant aux élèves des images qu’ils pourront associer aux paroles et aux mots nouveaux.
Je trouve remarquable que les élèves qui poursuivent leur cheminement scolaire reviennent me voir des années plus tard en me témoignant qu’ils continuent à se souvenir, non pas de leurs apprentissages en univers social réalisés par la recherche autonome, mais plutôt des paroles de plusieurs chansons. Même des parents, qui font l’écoute des pièces avec leur enfant pour le préparer à une évaluation, me disent que certaines pièces leur restent en tête quand ils sont au travail. Alors, je pense que je suis sur la bonne voie !
Anne, comment as-tu intégré l’outil dans l’enseignement de la musique ?
Dans mes cours de musique avec les élèves de la 3e année, j’ai employé les chansons de façon régulière et j’ai réussi à travailler toutes les compétences du domaine des arts préconisées dans le Programme de formation de l’école québécoise.
À titre d’exemple, pour la compétence Apprécier des œuvres musicales, ses réalisations et celles de ses camarades mentionnée dans la progression des apprentissages en musique au primaire, je fais écouter la chanson Les Iroquoiens et je demande aux élèves (selon une grille préalablement étudiée) d’identifier les divers paramètres musicaux: soit le tempo, la hauteur des notes, le timbre des instruments, le nom des instruments entendus et la signification des paroles.
Chaque pièce musicale de l’album Les Premiers... propose des univers variés à la fois sonores et émotifs. De plus, j’amène les élèves à distinguer les différents styles de musique et leurs composantes sonores particulières présentes dans chaque chanson.
Concernant la compétence Interpréter des pièces musicales mentionnée dans la progression des apprentissages en musique au primaire, j’utilise les instruments à l’étude dans les classes de musique au primaire soit les xylophones (alto, soprano et basse), les métallophones et le ukulélé pour compléter le répertoire des pièces.
Certaines paroles empreintes de poésie et riches en rimes (ex. Au fil des saisons) facilitent l’apprentissage tant dans l’étude de la structure des chansons que dans la mémorisation de celles-ci. Les élèves chantent les chansons et ainsi, la voix s’avère l’instrument musical principal gagnant pour permettre l’interprétation des pièces et revoir les techniques musicales et théoriques déjà apprises.
De plus, j’ajoute plusieurs petits instruments de percussion qui permettent à la fois des révisions de notions rythmiques et des arrangements originaux et variés. La compétence Inventer des pièces vocales ou instrumentales, quant à elle, se trouve bonifiée par cette utilisation des chansons.
À l’aide du document, la progression des apprentissages proposée par le MELS, je choisis un ou deux items à mettre en perspective, soit l’ostinato (le fait de répéter une séquence rythmique) ou la question-réponse (comme lors d’un dialogue, l’un pose une question en jouant un rythme ou une courte mélodie et l’autre y répond).
À la suite de l’écoute de la chanson Les nations qui se côtoient, par exemple, les élèves sont placés par groupes et improvisent des paroles et des rythmes en respectant le style de cette chanson. La version instrumentale, également disponible pour chaque chanson, facilite ce travail. Également, j’utilise cette chanson afin que les élèves (en petit groupe de quatre) puissent concevoir de nouvelles paroles sur leur propre rythmique.
Enfin, lors d’une fin d’année, en collaboration avec l’enseignante de 3e année, nous avons élaboré un concept de spectacle, proposant des décors et des interprétations de plusieurs chansons de cet album. Le tout a été réalisé dans un esprit de partage favorisant l’interdisciplinarité au grand bonheur de tous.
Stéphanie, comment as-tu intégré l’outil dans l’accompagnement que tu offres aux enseignants du primaire ?
Dans ma pratique professionnelle en tant que conseillère pédagogique au CSS des Trois Lacs, le développement de matériel pédagogique demande une attention particulière. Il faut à la fois être conforme au Programme de formation de l’école québécoise, à la progression des apprentissages, au cadre d’évaluation et à l’âge du public cible tout en suscitant l’intérêt des apprenants.
En 2021, je cherchais à offrir aux enseignantes et enseignants qui n’utilisent pas de cahier particulier ou qui sont à la recherche d’un complément pour leur cahier d’apprentissage fait maison un outil pédagogique pour l’enseignement du programme d’univers social pour les élèves de 3e année du primaire.
Ainsi, un cahier d’activités a été conçu pour eux. Dans ce document, je voulais diversifier les activités d’apprentissage et d’évaluations en respectant le programme, la progression des apprentissages et le cadre d’évaluation. Il était essentiel de rendre accessible l’analyse de documents. Il fallait tenter d’amener les élèves à faire les apprentissages de façon ludique, surtout au primaire.
Par conséquent, l’insertion des chansons issues de l’album Les Premiers... du Projet Natanne était toute désignée. J’ai donc créé un outil pédagogique qui propose de faire écouter les chansons comme amorce à l’étude de l’organisation sociospatiale des sociétés préconisées, puis de les utiliser comme documents à analyser. Ainsi, dans le cahier d’activités conçu, on retrouve des activités d’apprentissage qui demandent aux élèves d’analyser des extraits de chansons soutenus visuellement par des documents iconographiques provenant du Récitus.
Au départ, les élèves doivent repérer, dans des extraits de chansons portant sur la société iroquoienne vers 1500, soutenus par des documents iconographiques, certains éléments liés au questionnement historique (la technique du 3QO: Qui ? Quoi ? Quand ? Où ?).
Ainsi, les élèves recherchent un élément de temps, le nom de la société ou du groupe représenté, le sujet et l’aspect de société illustrés et l’endroit où l’on peut situer la société à l’étude. Tous ces éléments se retrouvent dans l’une des quatre chansons portant sur les Iroquoiens vers 1500 (Les Iroquoiens, Peuples sédentaires, Isha et Angeni et La rencontre du chaman). Ces questionnements permettent aux élèves de développer différentes composantes de la compétence 1, Lire l’organisation d’une société sur son territoire.
Dans une autre question, il est demandé aux élèves d’identifier dans la chanson Au fil des saisons différents éléments liés aux caractéristiques de la société algonquienne vers 1500 (le territoire, le mode de vie des populations, l’économie et le transport, la politique et la culture). Pour chaque élément demandé, les élèves doivent souligner les extraits d’une couleur différente selon la légende.
Ce type de question permet d’utiliser les chansons pour mieux faire conceptualiser la réalité sociale de la société à l’étude.
Afin de faire travailler la compétence S’ouvrir à la diversité des sociétés et de leur territoire, avec la chanson Les nations se côtoient, on demande aux élèves de discerner les passages où l’on explique les différents types de relations entre deux des sociétés étudiées.
Dans un premier temps, les relations économiques entre les Algonquiens vers 1500 et les Iroquoiens vers 1500 doivent être précisées à l’aide de la chanson. Dans un deuxième temps, ce sont les relations politiques entre les nations algonquiennes qui doivent être déterminées.
De plus, les extraits de chansons sont aussi utilisés pour permettre aux élèves de mieux comprendre une seule caractéristique (naturelle ou humaine) à la fois afin de la comparer ultérieurement avec les trois sociétés à l’étude. Par exemple, les élèves doivent identifier les éléments de culture, de politique ou de population chez la société inca vers 1500 en analysant des documents iconographiques et de courts extraits de la chanson La conquête du Sud.
La chanson Dans les Andes est quant à elle utilisée pour exposer des éléments territoriaux, économiques ou de transport chez cette même société. Le tout sera ensuite comparé, dans une activité, avec les sociétés iroquoiennes et algonquiennes.
Aussi, afin de faire comprendre aux élèves les changements que l’on retrouve dans la société iroquoienne entre 1500 et 1745, nous proposons aux élèves d’écouter la chanson En route vers l’Asie. Cette dernière explique les grandes explorations européennes et la prise de possession du territoire de vallée du Saint-Laurent par les Français.
Cet apprentissage par la chanson permet aux élèves de s’interroger sur les conséquences des changements dans le mode de vie des Iroquoiens après l’installation des Français sur leur territoire et ainsi amener l’élève à développer quelques composantes de la compétence 2, Interpréter le changement dans une société et sur son territoire.
Conclusion
Comme le souligne Araújo-Oliveira et al. (2022),
outre la nécessité de réaliser des études et de produire des connaissances [...], il importe que chercheurs et didacticiens travaillent de concert avec les acteurs du milieu scolaire, entre autres, dans la conception et la mise en œuvre d’outils didactiques permettant d’alimenter la pratique des enseignants et les apprentissages des élèves, mais aussi les activités de formation. (p. 306)
La mise en place du Projet Natanne s’inscrit au cœur de ce postulat. Les chansons de l’album Les Premiers... et les utilisations faites par les praticiens permettent la diversification des modes de transmission du savoir et de l’acquisition des connaissances. Elles ont une dimension culturelle qui s’allie très bien avec l’apprentissage des réalités sociales, historiques et géographiques chez les apprenants du primaire.
Ce projet représente également une occasion d’accroître et de resserrer les liens de collaboration entre les milieux universitaire et scolaire. Il permet aux différents acteurs impliqués d’enrichir et de dynamiser leurs pratiques d’enseignement ou d’accompagnement des enseignants au sein d’un vaste réseau d’intervenants et de formateurs dans le champ de la didactique des sciences humaines au primaire, tout en s’engageant dans une démarche collective de développement professionnel continu et collaborant à la valorisation de la profession enseignante (Gouvernement du Québec, 2020).
Thèmes associés à cet article
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Cet article fait partie d’une série d’histoires parues initialement dans le magazine Enjeux de l’univers social de l’Association québécoise pour l’enseignement de l’univers social (AQEUS).