Traités au Canada
Cette trousse pédagogique est inspirée de Canada en vedette, Épisode 3 : Une promesse conjointe.
Voici pourquoi il est si important d’enseigner l’histoire des Traités en classe. Découvrez aussi quelques façons pour le faire.
Créé par Connie Wyatt Anderson, lauréate du Prix d’histoire du Gouverneur général pour l’excellence en enseignement 2014
En anishinaabeg, le mot qui sert à désigner un traité est agowidiwinan, qui signifie « rassembler des choses ». En cri, kichi-asotamâtowin, « promesses sacrées entre personnes » décrit également la relation issue d’un traité. Ces relations ont été et demeurent un élément intégral de la culture et des façons de vivre et d’être des peuples autochtones. Les traités entre les Premières Nations étaient des éléments fondamentaux, servant à unifier les liens entre les nations, cimentant les relations commerciales, autorisant le passage entre territoires traditionnels, et honorant les liens de la famille et de la parenté élargie. Les traités étaient des promesses verbales solides, renouvelées chaque année, solidifiées par la prière et les protocoles, ratifiées par des poignées de main et conclues en présence du Créateur. La conclusion de traités établissait la souveraineté, la capacité d’agir et la prévoyance des Autochtones. On concluait un traité de bonne foi, dans le but de garantir un avenir viable et équitable aux générations à venir.
Lorsque les Européens sont arrivés dans le pays qui est aujourd’hui le Canada, ces relations issues des traités se sont maintenues. Les Premières Nations ont conclu des traités, ou des promesses sacrées, avec les Européens qui commençaient à se déployer sur l’Île de la Tortue. La Proclamation royale de 1763 codifiait ces relations et établissait un modèle pour la conclusion de traités pour les années à venir, créant ainsi un précédent qui a servi à encadrer des siècles de traités entre la Couronne (gouvernements colonial et canadien) et les peuples autochtones : par exemple, les Traités de paix et d’amitié (1725-1779), les Traités Douglas (1850-1854), la Loi sur le Manitoba (1870) et les Traités numérotés (1871-1921). Sur la côte Est, les traités étaient représentés sur des ceintures wampun; plus à l’ouest, ils réglementaient le commerce de la fourrure et ont également permis aux Métis et aux Premières Nations d’entrer dans la Confédération.
Les Premières Nations et la Couronne avaient, et continuent d’avoir, des interprétations différentes des traités. Par le passé, lorsque les premiers traités ont été signés, la Couronne considérait qu’ils entérinaient une vente ou la cession d’un territoire, alors que les peuples autochtones les voyaient comme des ententes pour partager le territoire avec les nouveaux arrivants et préserver leurs cultures et modes de vie. De leur point de vue, les traités étaient des ententes verbales qui étaient sacrées et qui perduraient dans le temps. L’aspect écrit des traités ne reflète qu’un de ces points de vue : celui de la Couronne.
C’est pourquoi les traités sont si importants dans l’histoire du Canada. Ils font partie des éléments fondateurs de l’histoire du pays — et non pas uniquement de l’histoire des Autochtones. Une exploration du passé du Canada serait bien incomplète et subjective si les traités n’en faisaient pas partie. Comprendre les traditions orales, les visions du monde et les modes de connaissance des Autochtones fait partie intégrante des compétences historiques associées à l’exploration du passé du Canada. Les traités ne sont pas que des reliques de l’histoire. Des traités modernes sont encore négociés de nos jours et certaines promesses non tenues des traités antérieurs sont en voie d’être respectées. Les traités continuent de nous guider et font de tous les Canadiens des partenaires.
Comment faire participer vos élèves à l’étude des traités et des relations qui en découlent? Invitez-les à explorer les visions du monde et les perspectives des Autochtones, intégrez la conclusion des traités à la mosaïque de l’histoire du Canada, parlez des traités au présent, employez les termes et le vocabulaire autochtones associés aux traités, aidez vos élèves à trouver leur rôle en tant que partenaires des traités et faites appel à l’esprit et à l’intention des traités pour paver la voie à la réconciliation.
Autres conseils pour les enseignants
Comment enseigner l’histoire des traités?
La définition des termes et le travail de cartographie peuvent être deux façons d’aborder le sujet des traités. Qu’est-ce qu’une revendication territoriale? Quels sont les types de revendications territoriales — revendications spécifiques ou revendications globales? Les cartes permettent aux élèves de comprendre les concepts, les modèles et les relations. Les élèves peuvent explorer le concept des revendications territoriales en cartographiant les traités dans leur province et dans le pays. Il s’agit d’une bonne façon de lancer une conversation sur les revendications territoriales et ce qu’elles signifient.
– Emilia Adorante, Thornhill, Ontario
J’ai une excellente ressource du Critical Thinking Consortium, « Sources on the Numbered Treaties », ainsi que huit pages de documents primaires et secondaires sur les traités. Je fournis aux élèves les deux documents et ces derniers doivent travailler en équipe de deux ou en groupes. Ils se servent de ces documents pour répondre aux questions suivantes :
- Pourquoi les peuples autochtones ont-ils signé les traités?
- Qu’espéraient-ils en tirer? Qu’ont-ils obtenu?
Les réponses à ces questions s’inscrivent dans le contexte de la compréhension de l’histoire de la colonisation et de l’immigration, et des multiples vagues d’immigration au Canada.
– Jennifer Janzen, Winnipeg, Manitoba
Il est important de commencer le cours, et chaque unité d’étude, en établissant le contexte des traités, où et comment ils ont été négociés entre les peuples autochtones et les peuples non autochtones, et quelles sont les responsabilités de chaque partie à titre de gardiens du territoire. Les élèves doivent comprendre que lorsque les traités ont été signés, chaque partie avait une interprétation différente de ce qui était documenté, partagé et pris en charge par les colons. Les élèves utiliseront les documents des traités comme sources primaires, mais également les histoires orales des partenaires des traités autochtones pour bien comprendre les répercussions des traités sur l’utilisation du territoire, les animaux et les modes de vie des communautés autochtones qui ont occupé ces territoires pendant des générations. Les élèves doivent également comprendre qu’en tant que colons, ils ont des responsabilités envers les partenaires des traités : en effet, ils doivent prendre soin de ce territoire et honorer les communautés autochtones qui ont préservé ces territoires sur lesquels ils vivent, apprennent et jouent chaque jour. Les élèves travailleront avec diverses sources et écouteront des histoires orales pour ainsi explorer la pertinence historique et moderne de ces documents importants.
– Katy Whitfield, Toronto, Ontario
Dans le cadre des recommandations de la Commission de vérité et réconciliation (CVR) et des mandats des administrations scolaires partout au Canada, les écoles doivent trouver une façon d’enseigner les origines et les répercussions de la Loi sur les Indiens. On peut demander aux élèves de se pencher sur les 21 restrictions de la Loi sur les Indiens et de les présenter au reste de la classe afin d’en étudier l’intention et la façon dont elles s’appliquent, mais également dans le but d’anticiper les réformes qui pourraient être faites dans les années à venir pour rendre la société canadienne plus équitable. Pour aider les élèves dans ce projet, on peut recourir à l’excellent ouvrage de Bob Joseph, 21 Things You May Not Know About the Indian Act. On pourra également favoriser une meilleure compréhension des répercussions de la Loi sur les Indiens en analysant les 94 appels à l’action découlant de la CVR. Cette activité sur les 94 appels à l’action invite les élèves à mener une recherche sur chacun des appels, sur les progrès réalisés, ce qu’il reste à accomplir et sur les actions que nous pouvons prendre sur une base individuelle.
– Shannon Leggett, North Vancouver, Colombie-Britannique
Comment rendre l’histoire des traités pertinente et stimulante pour les élèves?
Les élèves peuvent utiliser NativeLand pour explorer les traités, les territoires et les langues des peuples autochtones qui ont occupé les premiers ce territoire et qui en ont pris soin. Il importe, dans le cadre de la discussion, de parler du but et de la conclusion des reconnaissances territoriales, ainsi que de leurs usages en tant que déclarations par les colons. Les élèves se familiariseront avec l’utilisation des reconnaissances territoriales dans leurs communautés scolaires et peuvent être invités à catégoriser les composantes de ces reconnaissances et à identifier les territoires et peuples concernés, ainsi que les façons dont les territoires sont utilisés. En tant que colons, ils peuvent écrire leurs propres reconnaissances territoriales afin de nommer les personnes qui ont occupé les premières le territoire et qui ont continué d’en prendre soin, et décrire avec gratitude les façons dont ils utilisent aujourd’hui le territoire à leur avantage.
– Katy Whitfield, Toronto, Ontario
Autres ressources de Canada’s History
Plans de leçon et activités sur l’histoire des traités
Pour en apprendre davantage grâce à ces ressources
- Cartes de l'établissement des traités au Canada, Gourvernement du Canada
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