Transcription textuelle de Une promesse conjointe
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En Anishinaabemowin, Gakina Gidagwi’igoomin Anishinaabewiyang signifie « nous sommes tous des peuples des traités ». Qu’est-ce que cela signifie? Et pourquoi cet énoncé est-il important? Il est essentiel de comprendre l’esprit et l’intention des traités pour comprendre la relation établie entre les Premières Nations et le Canada dans le cadre de ces traités.
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Selon les Aînés, les Premières Nations occupent ce territoire depuis la nuit des temps et ont été placées ici par le Créateur. Tout ce qui s’ensuit repose sur cette idée.
Le territoire et tout ce qui y vit sont des dons du Créateur. Ils ne peuvent pas être vendus ou achetés. L’auteur cri Harold Johnson a écrit « Je ne dirai pas que ce territoire m’appartient, mais plutôt que j’appartiens à ce territoire ».
Les Aînés ont décrit les océans, les lacs et les rivières comme les veines qui parcourent le corps, les plantes comme les cheveux et la terre comme la chair. Les gens et le territoire resteront toujours imbriqués l’un dans l’autre, selon leurs responsabilités respectives.
Cette vision du monde a eu des répercussions très importantes sur les traités. Ce que les peuples signataires ont compris, et ce à quoi ils croyaient adhérer, repose en fait sur cette vision.
Les gens pensent souvent, à tort, que les Premières Nations ne comprenaient pas ce qui se passait à l’époque des traités. Les traités n’étaient pas nouveaux pour les Premières Nations et existaient avant l’arrivée des Européens. Ils permettaient de maintenir la paix et l’amitié entre les peuples des Premières Nations.
Les ententes entre les Premières Nations reposaient sur la notion partagée selon laquelle personne ne pouvait posséder le territoire et personne ne pouvait donc le céder en signant un traité. Certaines personnes pouvaient avoir des responsabilités et des droits différents sur différents territoires, mais les traités n’avaient rien à voir avec la propriété du territoire.
Ainsi, du point de vue des Premières Nations, les traités n’accordaient aux Européens que le droit d’accéder au territoire et d’en utiliser une partie, mais pas forcément comme ils l’entendaient. Cette façon d’utiliser le territoire devait être conforme aux lois du Créateur, à la base de chaque entente. Cela signifie que pour les Premières Nations, les traités n’avaient pas pour but de céder le territoire, ou tout autre droit, mais plutôt de confirmer les droits des Autochtones sur le territoire, leurs langues, leur culture et leur mode de vie. Et pas uniquement pour une génération, mais pour les générations futures. Pour les Premières Nations, les traités devaient garantir la protection de ces droits et engageaient chaque partie à respecter l’entente à tout jamais.
Par leurs actions, les gouvernements colonialistes communiquaient également cette même idée. Les traités étaient négociés en faisant appel aux protocoles traditionnels autochtones, invitant ainsi le Créateur à être témoin des promesses faites et à s’assurer que les promesses ne seraient pas et ne pourraient pas être brisées.
Des médailles de traité, frappées d’images reflétant cette promesse, étaient également remises par les représentants du gouvernement à la conclusion de chaque traité. Une image vaut mille mots, comme on dit. La représentation d’un colon européen et d’un représentant des Premières Nations se serrant la main au-dessus d’une hache enterrée symbolisait la paix. Un soleil levant sur un camp autochtone confirmait aux peuples autochtones qu’ils pourraient conserver leur mode de vie. Des herbes en croissance, le soleil et les rivières signifiaient que les promesses symbolisées par la médaille seraient respectées aussi longtemps que le soleil brillerait, que les herbes pousseraient et que les rivières couleraient.
Ces traités ne sont pas que des chapitres de manuels d’histoire, ils sont importants, encore aujourd’hui. Si nous respectons l’intention et l’esprit des traités, cela signifie que ces territoires n’ont pas été cédés ou abandonnés. Et que tous les droits qui existaient avant l’arrivée des Européens existent toujours.
Pendant des années, les Premières Nations ont lutté contre une interprétation répressive des promesses des traités. Par exemple, le processus de revendications territoriales permet aux Premières Nations qui n’ont pas reçu tous les territoires qu’on leur avait promis dans le cadre des traités signés par la Couronne et les Premières Nations de déposer une requête pour les récupérer.
Mais ces règlements occultent le fait que selon l’esprit et de l’intention des traités et le point de vue des Premières Nations, ces dernières peuvent utiliser l’ensemble du territoire en plus de ceux qui leur sont exclusivement réservés, et non pas uniquement les territoires visés par les traités.
Certaines Premières Nations ont intenté des poursuites afin que l’on tienne compte de l’histoire orale et que l’on renégocie les modalités des traités qui, selon les Premières Nations, ne respectent pas l’esprit ni l’intention des traités. Par exemple, en 2017, vingt-et-un groupes des Premières Nations ont intenté une poursuite contre le gouvernement fédéral et l’Ontario sur certains aspects du Traité Robinson-Huron de 1850. La rente annuelle de quatre dollars, établie en 1874, était encore de quatre dollars en 2017, une somme dérisoire à notre époque.
Nous sommes tous des peuples des traités qui ont la responsabilité de vivre en bons termes. Les traités peuvent faire partie des fondements de la société et de la réconciliation, mais ils n’ont de sens que si nous écoutons les Aînés et les gardiens du savoir, et seulement si nous les interprétons de la façon dont ils devaient être interprétés. Les ententes entre les peuples doivent reposer sur l’amitié, le respect et le bien-être, pour toutes les générations à venir.
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