Sur les traces de nos héros de guerre
Une invitation lancée dans la revue de l’AQEUS et je commence à rêver… Deux semaines en France et en Belgique pour une formation sur les guerres mondiales, wow ! Et pourquoi pas moi ?
Je m’installe à l’ordinateur et je compose un texte pour poser ma candidature. Enseignante en histoire en 3e et 4e secondaires, nouveau programme du ministère de l’Éducation où les guerres mondiales sont plus présentes, une seule école secondaire dans un milieu insulaire et peu de possibilités de sorties pédagogiques… je suis sélectionnée. Super !
Le seul problème : la formation est en anglais et je ne suis pas bilingue, je dirais même plus, mes connaissances sont plutôt limitées. Comme la formation est exclusivement en anglais et que l’organisme tente d’améliorer la situation pour attirer les Québécois, c’est décidé, je suis la candidate idéale pour le voyage de juillet 2019.
Ce voyage d’études sur le développement professionnel des enseignants est offert depuis 2007 par le Gregg Center de l’Université du Nouveau-Brunswick. Des enseignant.e.s universitaires du Canada se rendent ainsi en France et en Belgique durant deux semaines pour profiter de cette formation.
Une excellente occasion de visiter des sites canadiens importants tels que Vimy, Ypres, Beaumont-Hamel, Dieppe, Passchendaele et les plages du débarquement en Normandie. Ce voyage d’études est dirigé par trois accompagnateurs dynamiques et très bien informés : Blake Seward, Lee Windsor et Cindy Brown.
Cette formation est en grande partie basée sur la théorie de la pensée historique développée par Peter Seixas. J’ai donc reçu ce manuel en cadeau et je l’ai lu attentivement avant mon départ pour m’assurer d’être bien préparée. Il faut dire que nous n’avons rien à envier aux autres provinces puisque nous travaillons déjà en ce sens depuis l’application de notre réforme scolaire.
Ainsi, durant notre séjour, on nous propose diverses activités ou méthodes pour mettre en application les concepts développés par cette théorie. Discussions, animations, recherches, travaux sur le terrain, observations, interrogations tout y est pour rentabiliser au maximum notre expérience.
Dans les semaines précédant notre voyage, nous avons reçu des messages des organisateurs nous demandant d’exécuter quelques tâches et de lire certains textes. Pour bien se préparer, il nous fallait choisir un Canadien mort durant l’une des deux grandes guerres. Cette personne pouvait être un homme ou une femme, soldat, médecin, journaliste, infirmière, ou toute autre personne ayant servi durant ces guerres. Nous devions, avec l’aide de nos accompagnateurs, monter un dossier.
Après vérification avec ceux-ci, mon choix s’est arrêté sur un soldat de ma région ayant participé à la Seconde Guerre mondiale, le caporal Fernand Harvie. Recherche sur différents sites internet, bibliothèque, journaux, connaissances, amis, famille m’ont permis de bien cerner sa vie.
Quelques courriels, des informations sur les démarches à suivre, contact avec une autre Québécoise faisant partie du groupe, il est temps de faire nos réservations. Entre temps, j’ai demandé s’il était possible d’ajouter mon conjoint au groupe et comme quelques places sont disponibles, il s’y intègre en déboursant les couts de la formation et du transport. Les billets d’avion sont achetés et nous passerons le début de notre été en Europe. Le temps file, la fin de l’année scolaire arrive à grands pas ainsi que ma formation… en anglais… en France…
C’est un départ pour Paris où nous y passerons quelques jours avant notre rencontre de groupe pour profiter un peu des attraits touristiques de cette ville historique. Vous vous rappelez la canicule à Paris ? Nous l’avons manquée d’une seule journée, quel dommage ! (Sarcasme)
Il faut dire que 35 degrés, c’est quand même chaud pour une fille de bord de mer. Marcher dans les rues, longer la Seine tout en rencontrant Notre-Dame de Paris, le château de Versailles, les Champs-Élysées et la tour Eiffel, c’est une situation que l’on peut qualifier d’acceptable…
Le temps est maintenant venu de rencontrer le groupe pour une première fois. Surprise ! Une Gaspésienne, un jeune homme bilingue du Nouveau-Brunswick et un Ontarien ayant déjà visité les Îles-de-la-Madeleine en font partie. J’apprendrai à connaitre par la suite les autres participants du programme.
Pour l’instant, ils se présentent en anglais et nous n’en sommes qu’à la première journée. Discussions, explications et consignes pour bien préparer la semaine. On nous avise que le programme est chargé et que nous partirons tôt chaque matin. Notre hôtel est situé près de l’aéroport Charles de Gaulle et les chambres sont très confortables. Une bonne nuit de sommeil et c’est un départ.
Nous avons trois véhicules conduits par les responsables et tout au long de la formation, nous changerons de voiture et de collègues pour entrer en contact avec toutes les personnes du groupe. Nous prenons donc la route pour la Belgique en ce beau lundi matin de juillet.
La route est longue, mais nous nous arrêtons quelques fois pour une pause, une collation, une discussion. Nous ferons un premier arrêt en terre belge, à Langemark au cimetière militaire allemand.
Pourquoi un cimetière allemand en Belgique ? C’est ce que nous tenterons de découvrir. Observations, consultations de cartes géographiques, questionnements, analyses et discussions pédagogiques avant de poursuivre notre visite vers le mémorial canadien de Saint-Julien, monument simple, mais imposant nous rappelant les soldats tombés au combat lors de la première attaque au gaz.
La journée passe à une vitesse incroyable et nous arrivons à Ypres en fin d’après-midi. Nous sommes tout près de la place centrale où l’on retrouve boutiques et restaurants qui nous accueilleront.
Auparavant, nous avons eu un rendez-vous bien important : la commémoration à la porte de Menin. Nous y participions en tant qu’observateurs, et deux de nos amis ont déposé une couronne de coquelicots en souvenir de nos soldats canadiens, morts durant la Première Guerre mondiale. Cette cérémonie se fait au son des clairons de la brigade locale des pompiers.
Ces derniers jouent le Last Post, sonnerie aux morts, pièce jouée tous les soirs à 20 h depuis 1928 sans interruption sauf durant l’occupation allemande de la Seconde Guerre mondiale. Il y a toujours foule pour ces présentations journalières et il faut arriver tôt pour avoir de bonnes places sous l’arche de la porte.
C’est maintenant l’heure du souper et les touristes comme nous en profitent pour savourer les spécialités de l’endroit : frites, bières et chocolat font partie du menu.
Dès le lendemain, nous reprenons la route très tôt et nous nous arrêtons au Mont-Sorrel. Appelé Côte 62, cet endroit a été témoin d’une bataille importante en juin 1916 entre les soldats canadiens et allemands. D’abord perdu aux mains des Allemands, il a été récupéré après une dure bataille. Des milliers de Canadiens ont été tués ou blessés durant ces combats.
Nous visitons ensuite un cimetière du Commonwealth et nos accompagnateurs en profitent pour nous raconter ces évènements historiques avec tellement d’énergie et d’enthousiasme que nous nous y croyons presque.
Tous assis sur le gazon bien entretenu de ce lieu de culte, nous écoutons Lee, Blake et Cindy faire un exposé animé, passionnant, et qui nous fait réfléchir sur la réalité de l’époque. Nous en profitons pour diner sur place.
En après-midi, nous faisons un arrêt à un mémorial indien, puis dans un cimetière hospitalier. Nos guides nous amènent à faire des observations et à réfléchir. Nous savons bien que cette guerre est mondiale, mais pourquoi l’Inde est-elle venue prêter mainforte aux Belges ? Pourquoi le cimetière hospitalier est-il moins bien entretenu que les autres cimetières visités jusqu’à présent ? Chacun y va de ses observations et de ses réflexions.
Nous discutons et amenons nos propres hypothèses. Quelquefois, on nous donne les réponses, mais bien souvent, on nous laisse sur notre faim avec nos interrogations. Nous trouverons les réponses dans les jours à venir ou dans nos futures recherches et visites.
C’est frustrant au début, mais il faut se rappeler que nous sommes là pour mieux préparer nos élèves en classe à se questionner, à chercher eux-mêmes les réponses, à faire des observations ; alors il faut prêcher par l’exemple.
Heureusement, nous nous aidons mutuellement et trouvons plusieurs réponses à nos questions. Aussi nos guides se laissent prendre au jeu occasionnellement et aiment bien nous aider dans nos interrogations.
Notre escapade en Belgique a été de courte durée, mais je me jure d’y retourner un jour. Quels paysages fabuleux ! Ce n’est qu’un au revoir ma très chère.
Pour les trois prochaines nuits, nous dormirons à Arras, ville du département de Pas-de-Calais, dans un hôtel situé à proximité de la Place des Héros et du beffroi d’Arras, une tour de style gothique de 75 mètres de hauteur. Encore des choses merveilleuses à découvrir.
Du côté de la France, nous irons sur les lieux historiques de la bataille de La Somme. Près du village de Beaumont-Hamel, le 1er juillet 1916 demeure un pénible souvenir pour les gens de Terre-Neuve, qui après seulement 30 minutes de bataille n’ont vu revenir que 68 de leurs 801 soldats.
Au point le plus élevé de l’ancien champ de bataille, devenu parc commémoratif, se dresse la statue d’un caribou, emblème du Royal Newfoundland Regiment.
En après-midi, une visite au parc commémoratif de la bataille de Courcelette, discussion de groupe animée par ma collègue du Québec et moi, puis arrêt à différents cimetières pour permettre à mes camarades de présenter leur soldat. La journée sera encore bien remplie et notre tête et nos yeux auront reçu des stimulus incroyables.
Les journées se suivent, mais ne se ressemblent pas, même si nous passons de cimetières à mémoriaux et à monuments historiques.
J’imaginais ou plutôt je croyais savoir l’ampleur de ces tristes évènements, mais je ne l’ai vraiment réalisé que lorsque nous sommes allés au cimetière et au mémorial de Notre-Dame-de-Lorette, le plus grand cimetière militaire français regroupant environ 42 000 soldats.
On y retrouve aussi l’anneau de la Mémoire, un monument commémoratif comportant les noms de 580 000 soldats morts dans la région du Nord et du Pas-de-Calais.
Comme si ce n’était pas assez, nous allons sur les lieux du Mémorial national du Canada à Vimy, un monument gigantesque, impressionnant symbole de notre participation lors de la Grande Guerre.
Après avoir diné au restaurant l’Érable, toujours heureux de recevoir des Canadiens, nous retournons au Mémorial pour poursuivre notre visite des tranchées et du centre d’interprétation de l’endroit.
Nous sommes attendus dans la commune française de Givenchy-en-Gohelle où deux gentilles dames nous feront découvrir les spécificités de leur village.
Entre autres, elles nous présentent leur marionnette géante, John Arsenault de Chéticamp, qui personnifie les soldats canadiens morts durant la Première guerre mondiale, principalement ceux du 85e Regiment Highlands de Nouvelle-Écosse venus leur prêter mainforte.
Malgré une journée riche en émotions et en visite, nous sommes encore en forme pour un bon souper dans un resto de la région. Torte à la crème fraiche, lardons, oignons et fromage à raclette, un délice qui me fait saliver encore aujourd’hui…
Après Arras, nous prenons la route vers Dieppe en Haute-Normandie. Nous ferons un arrêt dans un dernier cimetière de la Première Guerre mondiale. Nous aurons un peu de temps pour visiter cette ville maritime historique.
Fille de mer et de vent, je suis ravie de pouvoir profiter de ces moments de détente. Nous visiterons leur château, devenu musée d’histoire naturelle, puis la marina et le bord de mer et nous jaserons avec les gens de l’endroit.
Avec notre groupe, nous discuterons des raisons qui nous ont amenés ici et nous ferons des recherches sur le terrain pour y trouver des informations. Nous ferons un retour en plénière près du monument canadien au pied du château.
Durant la Seconde Guerre mondiale, le raid de Dieppe sera reconnu comme un évènement marquant. L’opération Jubilée, ce raid où des centaines de soldats canadiens furent tués, a fourni une source précieuse d’informations pour les attaques qui suivront.
Comme la deuxième semaine se passe à partir de Bayeux, nous devrons prendre la route pour quelques heures. Nous serons logés au Moulin Morin, ancien moulin à eau du 13e siècle, divisé en quatre appartements ayant chacun 4 ou 5 chambres à coucher et des salles de bain privées pour presque toutes les chambres. Nous ferons une épicerie et mangerons à l’auberge en soirée pour la semaine qui suivra.
Après une rencontre de groupe en avant-midi, on nous laisse libres pour le reste de la journée. Comme nous sommes à Bayeux, il faut en profiter pour aller voir la fabuleuse tapisserie du 11e siècle de 70 mètres de long qui raconte l’histoire de la conquête de l’Angleterre et de Guillaume le Conquérant et, bien sûr, la Cathédrale Notre-Dame de l’endroit, bâtiment consacré le 14 juillet 1077.
Un tour de ville, un verre dans un bistrot et un retour au moulin avec une petite marche de 45 minutes, un souper sur le BBQ avec tout le groupe ; que du bonheur !
Nous réfléchissons sur l’implication des Américains à la Seconde Guerre avec la visite des lieux du débarquement de Utah Beach et Omaha Beach ainsi que le musée américain. Tout est immense, gigantesque, à la hauteur de nos voisins du Sud.
Leur cimetière situé près de la plage d’Omaha Beach est fabuleux et impressionnant ; et que dire de leur musée ? Tout est axé sur leur implication, leur participation et bien sûr leurs réussites dans cet évènement historique. Nos accompagnateurs en profitent pour nous questionner et nous faire réfléchir encore et encore…
Une visite à Bernière-sur-Mer s’impose avec un arrêt au village et à la plage de Juno Beach, plage du débarquement des Canadiens. Étant fille d’Acadie, je remarque la rue acadienne et la venue d’artistes des Îles dans un petit bistrot de la région. Les visages madelinots, on les reconnait partout ! Lors de la visite du musée canadien, nous remarquons que ce dernier est plus instructif et pédagogique que celui de la journée précédente.
La plage Gold Beach, lieu du débarquement des Britanniques, n’est pas en reste. Nous nous y rendrons après un arrêt à Arromanches, village entre deux falaises. Impossible d’utiliser les ports de mer déjà en place, alors Churchill propose d’en fabriquer des artificiels et de les installer à des endroits stratégiques.
Arromanches sera l’emplacement choisi pour y installer ces ports. Ceux-ci permettront d’apporter hommes, véhicules et matériel militaire en territoire français.
Arrivés à Putot en Bessin, à l’aide de documents appropriés et de visite de quelques endroits stratégiques, nous réfléchirons en équipe sur le type d’intervention idéal pour protéger cette ville lors du débarquement en 1944.
Chaque équipe y va de ses réflexions et de ses observations. Bien sûr, il y a autant de solutions que d’équipes, mais le but pédagogique de l’activité est atteint.
Nous voilà enfin au cimetière de Beny-sur-Mer où je ferai mon exposé. Nous arrivons à la fin de notre voyage et des liens sont tissés. Je me permets donc de faire une partie de ma présentation en français.
Comme le caporal Fernand Harvie du Régiment de la Chaudière est mort à l’âge de 22 ans et qu’il n’a pu revenir chez lui, j’ai pensé lui ramener quelques objets provenant de son coin de pays : drapeau du Québec, eau de mer, sable, pierre et coquillage des Îles que je dépose sur la sépulture.
Puisque nous vivons intensément ces évènements historiques depuis près de deux semaines, je me surprends à verser quelques larmes en remerciant mon nouvel ami et tous ceux qui se sont battus pour la liberté.
Lors de notre visite du village de Rocquencourt, nous sommes accueillis comme des amis par le maire et certains villageois. Nous apprendrons leurs méthodes de survie lors de la destruction massive de leur coin de pays durant la guerre grâce à des personnes âgées qui étaient enfants à cette époque. Je suis très heureuse de pouvoir en discuter avec eux dans ma langue d’origine. J’apprends tellement de choses durant cette soirée.
Le lendemain, la ville de Falaise. Bien sûr on visite le château de Guillaume le Conquérant, mais, aussi et surtout, le musée consacré aux civils tués durant la guerre. Depuis le début de notre voyage, nous avons tous présenté des gens qui se sont impliqués pour défendre la démocratie.
Cette dernière visite nous a permis de voir la guerre sous un autre angle, celui des innocents qui n’ont rien demandé. Nous terminerons notre formation avec quelques activités : cimetière du Commonwealth à Bayeux pour les gens décédés dans les hôpitaux, séminaires de deux collègues puis mémorial et observation du Mont-Ormel. Le retour à l’hôtel marque la fin de notre périple de deux semaines en France et en Belgique.
Les objectifs du voyage sont atteints à tous les niveaux. Nous avons mis en application les notions pédagogiques de la pensée historique par des activités variées et adaptées à différentes situations. Nous avons discuté et fait des retours hebdomadaires sur la majorité des évènements. Nous avons réfléchi aux différentes méthodes pour aborder les sujets avec nos étudiants et identifié des activités pédagogiques à mettre en place dans nos classes.
Ce programme très bien structuré s’ajuste selon les participants qui forment le groupe. Le trajet et les lieux visités varient d’une année à l’autre selon les personnes choisies pour les présentations.
Évidemment, des lieux cultes canadiens demeurent incontournables. Beaumont-Hamel, le mémorial national du Canada à Vimy, la plage du débarquement de Normandie, font partie intégrante du parcours.
Toutefois, la barrière linguistique reste importante. J’ai dû faire le deuil de beaucoup de détails et d’informations tout au long de ce voyage. Mon manque de connaissance de la langue anglaise m’a pénalisé assurément. Je peux par contre, affirmer que j’ai adoré mon voyage et que je ne le regrette absolument pas.
Certaines personnes m’ont beaucoup aidée pour améliorer ma compréhension générale des activités. Merci à Valérie, Sadie, Alex pour la traduction des consignes, les présentations et discussions. Merci aux autres participants qui ont tenté quelques mots en français ou qui ont pris du temps pour s’assurer de ma bonne compréhension. Merci enfin aux accompagnateurs pour leur aide précieuse et leur soutien.
Comment améliorer la situation pour attirer d’autres francophones qui comme moi ne maitrisent pas l’anglais ? Nous avons tenté de trouver des solutions pour les années à venir.
Toutefois, il ne faut surtout pas vous priver à cause de la barrière de la langue. Je peux vous assurer que même si mes connaissances en anglais sont très faibles, j’ai adoré mon expérience. J’en suis ressortie grandie, conscientisée, allumée, outillée et prête à débuter une nouvelle année avec la tête pleine de nouveaux projets.
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Cet article fait partie d’une série d’histoires parues initialement dans le magazine Enjeux de l’univers social de l’Association québécoise pour l’enseignement de l’univers social (AQEUS).