Des fouilles aux résultats fascinants
Enfouies sous la terrasse Dufferin à Québec, se trouvent les vestiges de châteaux et forteresses où les gouverneurs de la colonie ont vécu pendant plus de 200 ans.
Cachées pendant plus de 100 ans, les vestiges des forts et châteaux Saint-Louis sont maintenant ouvertes aux visiteurs, après que les fouilles menées par les archéologues de Parcs Canada ont permis de découvrir les fondations de bâtiments datant d'aussi loin que 1620 et des centaines de milliers d’artéfacts historiques.
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Parmi leurs fascinantes trouvailles, notons les vestiges de la maison du fondateur de la ville de Québec, Samuel de Champlain, des bouteilles de vin portant les armoroiries du gouverneur de la Nouvelle-France, le Marquis de Beauharnois, des pipes et des perles témoignant de la présence d’Amérindiens dans le fort, et une collection de boulets de canon tirés par les Britanniques lors du siège de Québec en 1759.
« C’est un site d’une grande richesse, explique l’archéologue Pierre Cloutier. Nous avons des éléments qui racontent la vie de chaque periode d'occupation, des milliers d’objets qui témoignent d’une période en particulier ».
Aujourd'ui, des visites guidées et de interprétation multimédias permet d'apprécier les forts et châteaux Saint-Louis qui furent le théâtre de l’un des plus importants projets de fouilles archéologiques du réseau des lieux historiques nationaux du Canada. Mais d’autres sites, ailleurs au pays, sont également importants pour l'histoire du pays.
On fait appel aux archéologues pour veiller à ce que les vestiges et les artéfacts ne soient pas détruits lorsque vient le temps de restaurer les lieux historiques. Ce fut le cas avec les forts et châteaux Saint-Louis, où des travaux ont été entrepris entre 2005 et 2010 afin de stabiliser la terrasse qui avait été construite sur les ruines du château au début du 19e siècle.
De la même manière, les archéologues mènent des fouilles au Fort-Prince-de-Galles près de Churchill, au Manitoba, depuis 1999, en parallèle avec les travaux visant à stabiliser les murs extérieurs qui menaçaient de s’effondrer.
Les fouilles menées dans ce fort et poste de traite du début du 18e siècle ont permis de connaître la vie quotidienne des officiers, traiteurs et les peuples autochtones travaillant au fort. Par exemple, «plusieurs ossements d’oie, provenant de la partie supérieure de l’aile gauche, ont été découverts », a dit Donalee Deck, une archéologue de Parcs Canada.
En fait, ces enquêtes historiques nous ont permis d’apprendre que les habitants du fort fabriquaient des plumes pour l’écriture à l’aide des plumes de la partie supérieure de l’aile des oies, notamment l’aile gauche, dont la courbure était mieux adaptée à la main des droitiers. Les Français ont confisqué plus que 17 000 plumes lorsqu'ils s'emparèrent du fort en 1782. « Chaque artéfact raconte une histoire fascinante », explique Deck.
Dans certains cas, les archéologues peuvent déterminer l’emplacement, l’envergure et l’importance exacts d’un site désigné pour devenir un futur lieu historique. C’est le cas de kitjigattalik, lieu historique nationa de la carrière de chert de Ramah dans le parc national des Monts-Torngat, à Terre-Neuve-et-Labrador.
Un affleurement rocheux de quarante kilomètres dans le parc constitue la seule source connue d’une forme de chert translucide et unique que les peuples autochtones utilisaient il y a des millénaires pour fabriquer des outils. Ces outils ont été retrouvés au sud jusqu’au Maryland et à l’ouest jusqu’en Ontario, prouvant ainsi qu’ils faisaient l’objet d’une intense activité commerciale en Amérique du Nord avant l’arrivée des Européens. Mais avant que les archéologues et leurs partenaires inuits n’entreprennent le travail de terrain en 2009, l’emplacement exact des carrières et des sites de fabrication d’outils demeurait méconnu.
« Pour ce projet, notre objectif était de nature documentaire : situer, photographier et décrire les sites, explique l’archéologue Jenneth Curtis. Nous avons trouvé des milliers de pièces : de grandes lames, de petites lames, des têtes de flèches incomplètes et d’autres types de pierres qui servaient de marteau ». Il n’est pas toujours évident de présenter directement ces trouvailles archéologiques au public.
Au fort Prince-de-Galles, Parcs Canada entend monter une exposition dans le centre des visiteurs à Churchill, pour présenter un aperçu de la vie dans les postes de traite il y a 300 ans. Mais à kitjigattalik, on a décidé, dans le cadre de la fouille menée en 2009, de ne pas retirer les artéfacts des carrières de chert et des sites de fabrication d’outils. Parcs Canada réfléchit à la possibilité d’installer des panneaux explicatifs qui rendraient le site plus visible, mais qui pourraient aussi le rendre vulnérable aux chasseurs de trésors.
« Il faut se pencher sur la façon d’équilibrer interprétation et protection », estime Jenneth Curtis.