Transcription textuelle de la vidéo D’un vote à l’
[Musique]
Chaque Canadien âgé de 18 ans et plus a le droit de voter, mais depuis les dernières années, un tiers des électeurs ne s’en donnent même pas la peine.
C’est dommage, car il a fallu des siècles de lutte pour obtenir ce droit – le droit démocratique de décider comment nous serons gouvernés.
La démocratie dans notre pays remonte à la nuit des temps. La Confédération Haudenosaunee est un groupe de Premières Nations qui se trouve aujourd’hui dans le sud-ouest de l’Ontario. La Confédération existe depuis des milliers d’années, ce qui en fait l’une des plus anciennes démocraties encore vivantes dans le monde.
Les mères de clan et les chefs jouaient tous deux des rôles importants. À une époque où les femmes européennes étaient écartées de la vie politique, les femmes haudenosaunee pouvaient nommer, réprimander et même congédier leurs chefs.
Lorsque les colons européens sont arrivés, ils n’ont pas reconnu cette forme d’autonomie gouvernementale. Les nouveaux arrivants ont imposé leurs propres idées et avaient des principes très fermes sur ceux et celles qui pouvaient participer à la vie politique. Au Québec, la première élection à l’européenne a eu lieu en 1657.
Il y avait environ 2 000 personnes en Nouvelle-France, à cette époque, mais seulement 100 d’entre elles avaient le droit de voter.
Pourquoi si peu? Parce qu’elles étaient propriétaires.
À partir du milieu des années 1700, les Maritimes, et le Haut et le Bas Canada forment des assemblées composées de membres élus.
Voilà une preuve de la démocratie en action, n’est-ce pas? Que nenni!
Pour voter ou se présenter comme candidat, il faut être : un propriétaire foncier, un sujet britannique, un homme et… un protestant.
De toute façon, les assemblées élues n’avaient pas beaucoup de pouvoirs – les gouverneurs nommés par les autorités britanniques, et leurs amis, étaient encore ceux qui prenaient les décisions finales.
Les gens ordinaires étaient si frustrés qu’ils lancèrent un mouvement de rébellion dans le Haut et le Bas Canada, en 1837 et en 1838. L’armée britannique intervint rapidement pour étouffer cet élan de contestation.
Par la suite, des réformateurs adoptèrent une approche plus pacifique, menant à un « gouvernement responsable » - un gouvernement à l’écoute des volontés des électeurs.
Mais pas de tous les électeurs…
À cette époque, la loi n’interdisait pas techniquement aux femmes de voter, dans la mesure où elles étaient propriétaires. Et quelques femmes, généralement des veuves, se présentaient aux bureaux de scrutin à l’occasion. Cependant, toutes les provinces finirent par corriger cette « faille » du système. Et pour donner un grand coup, lorsque le Canada est devenu un pays en 1867, les Pères de la Confédération décidèrent de fermer la porte aux femmes en imposant leur décision par écrit.
Les femmes avaient peut-être été réduites au silence, mais elles n’avaient pas dit leur dernier mot. Les suffragettes commencent à s’organiser. Elles exercent des pressions, écrivent des lettres et ont recours à l’humour pour véhiculer leur message. Elles organisent un « simulacre de parlement » à Winnipeg, en 1914, où elles se demandent si les hommes devraient avoir le droit de voter.
Elles tiennent des « thés roses » qui semblent être des activités mondaines typiques de l’époque, mais où l’on discute plutôt de stratégies pour obtenir le droit de vote pour les femmes.
En 1917, les Conservateurs au pouvoir accordent le droit de vote aux femmes lors des élections fédérales – mais elles doivent servir dans l’armée ou avoir des parents au front. L’année suivante, ce droit est accordé à la plupart des femmes.
Ou plutôt à la plupart des femmes blanches. Les Autochtones et d’autres Canadiens de couleur devront attendre encore des décennies avant d’obtenir le droit de voter.
En 1876, la Loi sur les Indiens impose un gouvernement à l’européenne – la vie démocratique des Premières Nations s’en trouve considérablement affaiblie. En effet, les chefs élus et les membres des conseils de bande ne peuvent qu’être des hommes, et seuls des hommes peuvent les élire. Les femmes sont entièrement écartées du processus.
Des décennies plus tard, des milliers d’hommes autochtones se portent volontaires pour aller combattre pour le Canada lors des deux guerres mondiales. On leur accorde en récompense le droit de voter… mais seulement pendant qu’ils sont dans l’armée. Et si les vétérans autochtones décident de vivre dans une réserve à leur retour au Canada? Eh oui, vous avez bien deviné, ils perdent leur droit de vote.
En fait, ce n’est qu’en 1960 que les peuples des Premières Nations obtiendront officiellement le droit de voter.
La plupart des Inuits obtiennent ce droit en 1950, mais le gouvernement fédéral ne se donne pas la peine de les inscrire ou d’envoyer des urnes dans l’Arctique avant 1962.
Et l’histoire n’est pas beaucoup plus brillante en ce qui concerne le droit de vote des personnes de couleur. Jusqu’à ce que l’esclavage soit aboli au Canada, en 1834, les Noirs n’étaient même pas considérés comme des « personnes » au sens de la loi.
Après l’émancipation, les hommes noirs pouvaient voter, dans la mesure où ils étaient des propriétaires fonciers. Cependant, même si aucune loi ne les empêchait de voter, cela ne voulait pas dire qu’ils pouvaient exercer ce droit librement.
Pendant ce temps, les ouvriers chinois, qui ont contribué à bâtir le chemin de fer national du Canada vers la fin des années 1800, n’avaient pas le droit de voter en Colombie-Britannique. En fait, les électeurs canadiens d’origine asiatique et sud-asiatique n’obtiendront ce droit qu’en 1948.
Certains Canadiens sont également exclus du vote en raison de leur religion. À diverses époques de notre histoire, les catholiques, les juifs, les mennonites, les doukhobors et d’autres minorités religieuses sont persécutées et exclues.
La Charte des droits et libertés de 1982 établit clairement que chaque citoyen canadien âgé de 18 ans et plus a le droit de voter. La Charte mène également à des contestations judiciaires qui confirment ce droit pour certaines personnes auparavant exclues, comme les juges fédéraux, les personnes ayant un handicap intellectuel et les Canadiens vivant à l’étranger.
Et depuis 2002, tous les prisonniers, peu importe le crime qu’ils ont commis, peuvent voter.
Personne ne dit que notre système est parfait. Mais nous vivons dans l’une des sociétés les plus démocratiques au monde. Et au moment des élections, les Canadiens ont le droit de s’exprimer.
Alors, allez-y, chaque vote compte!
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