L'intégration des immigrants : un engagement continu pour Joaquina Pires
Joaquina Pires raconte son histoire. Produit par le Centre d’histoire de Montréal, le vidéo révèle le parcours professionnel d’une Montréalaise issue de l’immigration qui a œuvré toute sa vie pour l’intégration des personnes immigrantes à la société québécoise.
L’immigration est sans conteste intimement liée à l’histoire de Montréal. L’accueil des immigrants, leur intégration et leur place dans la société ont beaucoup évolué, particulièrement au cours des dernières décennies.
Des changements socioculturels, des prises de conscience sociétales et politiques ont permis cette évolution. Elle est aussi le fruit du travail concret de nombreuses personnes. Parmi celles-ci, Joaquina Pires.
Joaquina Pires est arrivée du Portugal à Montréal en 1966, à l’âge de 10 ans, avec ses parents et une partie de sa fratrie. Ils ont été accueillis par un de ses grands frères qui était établi au Québec depuis une année et avait organisé le regroupement de la famille.
Habitant dans le quartier Saint-Louis, Joaquina a pu choisir de fréquenter une école francophone plutôt qu’anglophone. « Je voulais étudier dans la langue de Molière », se souvient-elle.
Prise alors qu’elle était si jeune, cette décision a eu une forte influence sur l’ensemble de sa future carrière.
Quelques années plus tard, faisant partie du conseil étudiant de la première polyvalente du quartier, Joaquina Pires prend fait et cause pour l’autorisation du port du pantalon pour les filles.
Il s’agit de sa première action militante! Pendant ses études universitaires en sociolinguistique, la jeune femme est aussi monitrice de langue française dans de grandes entreprises montréalaises.
Après avoir participé à une étude sur l’échec massif des infirmières immigrantes au test de français, elle contribue à établir un nouvel examen, mieux adapté aux réalités socioculturelles des personnes évaluées.
Par la suite, elle développe des cours spécifiquement pour le monde du travail, s’adressant toujours aux femmes.
Dans la période qui suit, en tant qu’organisatrice et formatrice communautaire pour le Centre portugais de référence et de promotion sociale, madame Pires travaille avec des groupes de femmes immigrantes qui suivent des formations en éducation de base, des cours d’alphabétisation ou des classes sur des questions de droit.
C’est à cette époque, à la fin des années 1970, que se tissent des liens avec d’autres groupes féminins, notamment le Centro Donne, animé par des femmes de la communauté italienne, ou l’organisme Hirondelle qui accueille des femmes immigrantes.
La nécessité de « former un front commun des intervenants de différentes origines autour d’un projet » unique apparaît indispensable.
Joaquina Pires participe donc à la création du Collectif des femmes immigrantes qui offre une seule voix pour interagir avec les instances gouvernementales. Ce regroupement de diverses associations permet une action communautaire concertée et efficace.
Un même but, différents moyens
Cependant, Joaquina Pires choisit de poursuivre son engagement auprès des femmes immigrantes d’une tout autre façon. Elle quitte le milieu communautaire pour entrer dans la fonction publique municipale.
En 1988, elle intègre le département qui deviendra le Bureau interculturel de Montréal où elle sera agente de liaison puis conseillère en relations interculturelles pendant 28 ans.
Auparavant, madame Pires avait été aidée dans l’avancement de certaines causes par des fonctionnaires atypiques. Comme eux, elle veut changer les choses au sein d’un autre milieu et en étant mieux outillée grâce à son expérience communautaire.
Joaquina Pires pense qu’il était naturel pour elle de favoriser les interrelations pour la Ville de Montréal car, dit-elle, comme « j’ai été une enfant-parent, je servais d’interprète à mes parents, j’étais agent de liaison quand j’étais enfant! »
Pendant sa carrière de fonctionnaire, madame Pires est restée impliquée dans diverses causes sociales, par exemple en siégeant à des conseils d’administration de divers organismes.
En effet, elle considère que, pour être un bon acteur dans une institution, il faut connaître le terrain, être connecté au concret et à sa communauté.
Joaquina Pires observe que dans les années 1970-1980, elle travaillait auprès de femmes qui ne pouvaient pas s’exprimer parce qu’analphabètes, violentées, mal informées…
Aujourd’hui, notamment grâce à Internet, l’accès à l’information est plus facile, et le milieu du travail a changé. Cependant, la militante estime que de nombreuses femmes connaissent toujours des difficultés d’intégration dans leur nouveau pays.
D’autres, par exemple les travailleuses domestiques, vivent dans des conditions proches de celles des décennies précédentes. Madame Pires rappelle que le travail pour l’assistance et la formation de ces femmes est toujours indispensable.
Aujourd’hui, Joaquina Pires affirme être une retraitée privilégiée, qui milite et lutte toujours activement.
Elle considère que son action consiste encore à « faire du un à un » et que son attention doit porter sur la particularité de l’individu qu’elle côtoie. Elle « continue de rencontrer des gens, d’être transformée par eux et de les transformer ».
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Cet article fait partie d’une série d’histoires portant sur l’immigration. Elles furent recueillies, rassemblées et publiées par le MEM — Centre des mémoires montréalaises.