Manifeste Refus global
Dans le contexte dit de la « Grande Noirceur » (1944-1959), Paul-Émile Borduas rassemble autour de lui un collectif d’artistes et de penseurs désireux de dénoncer l’ignorance dans laquelle l’État et l’Église maintiennent la population. La politique menée par le très ferme gouvernement Duplessis est alors marquée par un libéralisme économique affirmé, un très fort antisyndicalisme et une influence profonde de l’Église dans les sphères éducatives et sociales.
En 1948, Paul-Émile Borduas rédige le manifeste automatiste Refus global, en introduction du recueil éponyme, signé par seize artistes (Madeleine Arbour, Marcel Barbeau, Paul-Émile Borduas, Bruno Cormier, Marcelle Ferron, Claude Gauvreau, Pierre Gauvreau, Muriel Guilbault, Fernand Leduc, Jean-Paul Mousseau, Maurice Perron, Louise Renaud, Thérèse Renaud, Françoise Riopelle, Jean Paul Riopelle et Françoise Sullivan).
Le style est particulièrement virulent : les auteurs y réclament une rupture radicale avec la société traditionnelle clérico-nationaliste. Davantage que le recueil en lui-même (publié à seulement 400 exemplaires), c’est surtout le renvoi de Paul-Émile Borduas de son poste de professeur à l’École du meuble de Montréal qui déclenche la polémique médiatique. Les repercussions sur la vie privée des signataires, sévèrement réprimés par le gouvernement Duplessis, sont telles que nombre d’entre eux doivent s’exiler, à l’instar de Paul-Émile Borduas.
Dans la mémoire québécoise encore vivement marquee par le souvenir de cette période, la contestation de Refus global témoigne des premiers efforts d’une revolution culturelle qui entame la transition vers la Révolution tranquille et ouvre la voie à d’autres formes d’art abstrait.
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