Témoins de l'histoire

Le Canada durant la Seconde Guerre mondiale.

Mis en ligne le 22 mai 2019

Avant guerre

Gilbert « Gilles » Boulanger est né le 3 juin 1922 à Montmagny, au Québec, Canada, fils d’Emile Boulanger et Dauray Lepage qui auront en tout 10 enfants. Gilles perd sa mère à l’âge de 8 ans. Il est d’origine normande car en 1663, son ancêtre Claude Lefèbvre-dit-Boulanger, dont la mère est rouennaise, s’embarque pour la Nouvelle-France.

En 1938–39, Gilles termine neuf années de scolarité au collège des Frères du Sacré Cœur à Montmagny. Elevant seul ses dix enfants, son père n’a pas les moyens de financer leurs études supérieures et inscrit Gilles dans une école technique de Québec (1939–40) qui ne le passionne pas. Son envie de voler est plus forte et à 18 ans, il se porte volontaire pour servir dans l’aviation. Animé par une curiosité débordante, Gilles améliorera par la suite son instruction en autodidacte.

Activités pendant la bataille de l’Atlantique et la bataille d’Angleterre

Au mois de juin 1940, mois de la capitulation de la France, Gilles rejoint l’Aviation royale canadienne. Après les mois d’entraînement, il passe par l’école de vol n° 7 à Summerside, Ile-du-Prince-Edouard, Canada. Comme il lui manque une année d’étude pour devenir membre du personnel volant, il devient mitrailleur.

En novembre 1942, il se rend à Mont-Joli où l’entraînement au sol se fait avec des mitrailleuses Vickers (qui datent de la Première Guerre mondiale) et dans les airs, sur des bombardiers légers de type Fairey Battle.

Expériences en Grande-Bretagne

Au terme de son instruction, Gilles est promu sergent. Il quitte le pays au mois de décembre 1942 sur le Queen Elisabeth I en partance de New York pour Greenock, en Ecosse. L’entraînement final sur des Wellington se déroule à l’Operational Training Unit (OTU) de Stratford-upon-Avon en Angleterre puis au Ferry Training Unit (FTU) 311 à Moreton-in-Marsh.

Le mitrailleur Boulanger passe ensuite par Gibraltar, le Maroc et l’Algérie, puis rejoint l’escadron 425 de l’ARC en Tunisie. Un grave accident lui fait perdre son équipage, il devient alors remplaçant et s’adapte en permanence aux remplacements à effectuer.

Au mois d’octobre 1943, il revient en Angleterre. Dans une station du Yorkshire, il s’entraîne sur les Halifax avant d’enchaîner les missions. Il visite le pays et découvre ses habitants. En décembre 1943, il rencontre Marie Eileen Rees, une télégraphiste de la RAF originaire de Londres qu’il épouse le 6 mai 1944 à Londres.

Le Jour J et la bataille de Normandie

A 1h30 dans la nuit du 6 juin 1944, Gilles est à bord d’un Halifax. Il prend sa place de mitrailleur dans sa cellule, une « bulle » de verre sous le fuselage de l’avion. En cas d’évacuation d’urgence, il faudrait un miracle pour qu’il puisse sauter en parachute. De sa position, alors que son avion survole la Manche, il voit les navires de guerre alliés qui tirent des salves d’artillerie sur les côtes de Normandie.

Après que son Halifax ait bombardé des batteries allemandes près d’Houlgate, il repart en mission le 6 juin à 21h30 pour un second raid avec pour cible un pont de la ville de Coutances. Suit une mission sur Achères et le 10 juin sur Le Mans, la dernière pour Gilles.

Entre chaque raid, il retrouve en Angleterre son épouse qui attend leur enfant et passe ainsi continuellement de l’enfer au paradis.

Au terme de 37 missions de bombardement sur l’Italie, la France, la Belgique et l’Allemagne, Gilles devient Officier de liaison chargé de recruter des éléments francophones pour l’escadron 425 de l’ARC.

La Distinguished Flying Cross lui est décernée le 1er septembre 1944.

Après la guerre

Gilles Boulanger rentre au Canada le 10 mai 1945 et son épouse le rejoint le 15 juin 1945. Ils deviennent les parents de Marianne, Gaston et Philippe.

Il obtient son diplôme de pilote privé en 1946 et consacre sa vie à l’aviation civile : transport aérien, fabrication de bimoteurs et crée une association « Les faucheurs de marguerites ». Il est membre de nombreuses associations aériennes et de l’Association des descendants de Claude Lefèbvre-dit-Boulanger.

Marie Eileen Rees décède le 9 décembre 2001. Gilbert (Gilles) Boulanger est souvent revenu en Normandie et l’Ecole élémentaire de Courseulles-sur-Mer porte son nom depuis le 5 juin 2010.

Ce récit est basé sur l’ouvrage de Gilbert Boulanger L’Alouette affolée — Un adolescent à la guerre (1939–1945) publié en 2006 et réédité en 2010.

Avant guerre

Étudiant de 1930 à 1942 à l’école Primaire et Secondaire pendant la traversée de la crise économique de 1929.

Expériences

Enrôlé comme volontaire à Québec dans la Marine royale canadienne en janvier 1943, Benoit Gonthier suit l’entraînement de base à Hamilton, en Ontario avant d’effectuer un entraînement avancé à Cornwallis, en Nouvelle-Écosse.

Il sert sur un dragueur de mines jusqu’en avril 1944 (escorte de convois à mi-chemin). Il est stationné sur la base navale HMCS Greenock en Écosse (Manning Depot) en avril 1944.

Le Jour J et la bataille de Normandie

Muté sur la base HMS Rosyth, il est amalgamé à la 10ème flottille pour l’invasion sur une péniche de débarquement ancrée à Portsmouth et participe à trois voyages d’escorte de troupes de Portsmouth à Juno Beach, Bernières-sur-Mer, les 6 et 7 juin.

Il revient sur la base HMS Rosyth à la fin de juillet 1944. Il suit des cours en relation avec le conflit japonais puis retourne à Halifax en 1944, pour un congé d’un mois.

De retour à Greenock, il est affecté sur la base navale HMS Crescent construite en prévision du conflit japonais. Durant les essais, il est blessé lorsque son navire heurte une mine à l’entrée du port de l’île Jersey. Il est libéré du service à Esquimalt, en Colombie Britannique, en février 1946.

Gonthier a été décerné l’Étoile de l’Atlantique, la Médaille canadienne du volontaire et la Médaille de la guerre 1939–45.

Après la guerre

Après avoir réussi le Cours de balistique à Valcartier en 1948, il travaillé dans le domaine de la balistique pour la Défense nationale à Valcartier pour presque 25 ans. En 1972 il devient le Chef directeur des épreuves en Nicolet, Quebec. Il travaillé là jusqu’à son retraite en 1984.

« Partis de Paris et de Normandie en 1666, mes ancêtres vinrent s’établir au Québec, terre nouvelle fondée par Champlain en 1608. Au cours des siècles, leurs descendants choisirent plusieurs métiers : avocat, juge, agriculteur, menuisier, militaire, etc. Ayant grandi à Lauzon, près des chantiers maritimes, la mer m’attirait. À l’âge de 19 ans, au lieu de l’Université, j’optai pour la Marine canadienne afin de servir mon pays. Ce métier m’amena, en 1944, à combattre les Allemands et à participer à la libération de la Normandie, terre de mes aïeux. »

Avant guerre

Georges Isabelle fréquente l’École primaire de Cap-Chat jusqu’en 6e année.

Avant la guerre, Georges Isabelle est journalier au moulin à bois Richardson à Cap-Chat. Il occupe aussi un emploi d’aide-cuisinier.

Expériences

Georges Isabelle s’enrôle le 2 juin 1941 en tant que simple soldat, mitrailleur dans le régiment de la Chaudière. Il quitte le Canada le 21 juillet 1941 et arrive en Angleterre le 30 juillet 1941. Au cours de son entraînement, il suit des cours de brancardier, de conducteur de véhicule, de mitrailleur. Il débarque à Bernières-sur-Mer, sur Juno Beach, le 6 juin 1944.

À la fin de juin 1944, il est blessé par des éclats de mine à Caen. Il est blessé une seconde fois à Waterlandkerkje, en Hollande, le 17 octobre 1944. Le Bren Carrier dans lequel il se trouve saute sur une mine, tuant ses deux compagnons, Johnny Adams et Paul-Eugène Dugas.

Georges Isabelle participe aux combats pour la libération de la France, de la Belgique et de la Hollande. Il est démobilisé en 1946. Il a été décerné l’Étoile de 1939–1945, l’Étoile France-Allemagne, la Médaille de la Défense, la Médaille canadienne du volontaire, et la Médaille de la guerre 1939–1945.

Après la guerre

Après la guerre, de 1946 à 1951, il est fromager à la fromagerie Perreault de Lévis. Il joint l’Infanterie dans le 22e Régiment de 1951 à 1953, puis le Corps médical militaire de 1953 à 1973.

En 2007, mis à l’honneur dans une exposition du Centre Juno Beach, Georges Isabelle déclarait :

« Je me suis enrôlé par goût de l’aventure. J’ai appris que la vie ne tient qu’à un fil ! Que la vie entre camarades permet de passer à travers les horreurs de la guerre ! J’ai ramené avec moi un portrait de l’Europe, mais une Europe dévastée. Un adolescent est parti, un homme est revenu. »

Avant guerre

École primaire de 1929 à 1936. Jean-Maurice Leduc quitte l’école à l’âge de 13 ans pour travailler dans un restaurant. En 1937, il suit des cours du soir pendant 6 mois en anglais, mathématiques et histoire.

Expériences

Durant son entraînement en Angleterre, en 1942, il suit pendant près d’un an un cours par correspondance en étude générale offert par le Département des Anciens Combattants.

Expériences en Grande-Bretagne

Jean-Maurice Leduc s’enrôle dans l’armée canadienne en 1942 dans le Royal Canadian Army Service Corps (RCASC). Après 4 mois d’entraînement au Canada, il arrive en Angleterre en février 1943. Quelques mois plus tard, son régiment est rattaché à la Compagnie de Transport de la 4ème Division Blindée Canadienne (4th Canadian Armoured Division Transport Company), pour la durée de la guerre.

Le Jour J et la bataille de Normandie

Après deux ans en Angleterre, sa compagnie débarque à Courseulles-sur-Mer en juin 1944. Ce descendant d’Antoine Leduc suit la route de Rouen à Dieppe, près de Louvetot, alors que l’armée canadienne traverse la Normandie. Il ne sait pas encore à l’époque qu’il contribue à la libération de son village ancestral.

En décembre 1944, les forces allemandes se réorganisent et entourent Bastogne, une municipalité dans les Ardennes belges, afin de se rendre à Anvers pour couper les sources de ravitaillement des troupes alliées qui sont déjà en Hollande et près de la frontière allemande. Lors de la grande avancée connue sous le nom de la « Bataille des Ardennes », Herentals en Belgique est stratégiquement située le long du Canal Albert, en droite ligne pour se rendre à Anvers.

Le 23 décembre 1944, la compagnie de Jean-Maurice Leduc est envoyée à Herentals pour protéger les ponts contre les éventuels attaques de parachutistes allemands. Le lendemain, il rencontre la fille qu’il va épouser un an plus tard.

Leduc a été décerné l’Étoile de 1939–1945, l’Étoile France-Allemagne, la Médaille de la Défense, la Médaille canadienne du volontaire, et la Médaille de la guerre 1939–1945.

Après la guerre

Après sa libération du service militaire le 3 avril 1946, Jean Maurice Leduc vit à Montréal avec son épouse. En avril 1948, il retourne en Belgique pour accepter une offre d’emploi de la firme Gevaert, une entreprise belge de produits photographiques (qui devient plus tard Agfa-Gevaert).

En 1956, il est muté à Toronto au Canada avec sa femme et leurs cinq enfants. En 1971, il est envoyé par Agfa-Gevaert à Vancouver pour ouvrir une nouvelle succursalle. Trois ans après, il devient directeur de site à Vancouver pour un grossiste national de produits de construction.

A sa retraite, en 1988, son employeur lui offre un emploi d’inspecteur des opérations en Amérique du Nord. Il prend sa retraite finale en 2003.

« Je crois que tous les Canadiens Français ont un attachement spécial pour le pays de leurs ancêtres. L’invasion allemande de la France en 1940 m’a beaucoup peiné, je suivais attentivement les événements dans les journaux. Après le raid sur Dieppe du 19 août 1942, au cours duquel j’ai perdu un cousin et un ami de ma famille, j’ai décidé d’offrir mes services pour la cause. Ce fut pour moi une expérience inoubliable et j’éprouve toujours beaucoup de peine en pensant à tous ceux qui y ont laissé leur vie. Je remercie Dieu de m’avoir protégé, ainsi que mes parents, qui, j’en suis certain, priaient pour moi et mon frère, Laurent, qui était dans la marine canadienne. »

L’épouse de Jean-Maurice Leduc, Adrienne, a consacré des années à la recherche généalogique de la famille Leduc. Son livre « Antoine, Coureur des Bois », publié en anglais en 1996, a été traduit en français et publié par les éditions du Septentrion en novembre 2007.

Avant guerre

Lorenzo Tremblay suit des études primaires et secondaires.

Expériences

Le 10 juillet 1941, Lorenzo Tremblay s’enrôle dans les Fusiliers du Saint-Laurent. Il effectue sa formation militaire dans différentes bases du Québec, de l’Ontario, du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Écosse.

En 1943 il se rend en Angleterre avec les Voltigeurs de Québec avant de joindre le Régiment de la Chaudière, à la fin de l’été, à Hartley Row.

Il débarque en Normandie le 6 juin 1944 et participe à l’enfer de Carpiquet. Il traverse la guerre avec le peloton de chenillettes (Bren Carrier Platoon).

En 1944, Lorenzo Tremblay est promu directement de soldat à sergent en raison de son expérience et de ses qualités personnelles. Il participe aux combats en France, en Belgique, aux Pays-Bas et en Allemagne, soit 11 mois sur la ligne de feu.

Il revient au Canada en janvier 1946 et il est démobilisé le 5 février 1946.

Après la guerre

Après sa démobilisation en 1946, Lorenzo Tremblay entre au service du Canadian National Railway (CNR). Après des études, il devient ingénieur de locomotives jusqu’en février 1951, alors qu’il occupe la même fonction avec la compagnie minière Iron Ore. Il travaille sur la Côte Nord du Québec jusqu’à sa retraite en juillet 1985. À 86 ans, Lorenzo Tremblay est toujours très actif : il cultive son potager, bricole, voyage, etc.

« Comme beaucoup de Québécois, je me suis enrôlé pour vivre l’aventure, voir du pays, subvenir aux besoins de ma famille dans un Québec frappé par la misère. Également par patriotisme et solidarité. Peut-être aussi me suis-je senti appelé à défendre mes frères français. Il est difficile d’isoler un seul facteur à l’origine de mon engagement. On peut aussi associer la volonté du peuple québécois d’aller libérer la mère patrie.

En 1647, à 21 ans, l’ancêtre Pierre part de la Normandie pour une bonne cause : aller développer le Québec. En 1941, à 19 ans, je m’enrôle avec une noble intention : la libération de la Normandie. Deux Tremblay. Deux histoires. Deux gestes nobles. Entre les deux : 300 ans d’histoire. »

 

 

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