Se préparer aux conversations difficiles
APERÇU
Dans cette leçon, les élèves évalueront leurs connaissances sur le réseau des pensionnats autochtones et sur les enquêtes en cours portant sur les élèves qui sont décédés alors qu’ils fréquentaient ces pensionnats. Les périodes de discussion leur donnent l’occasion d’enrichir leurs connaissances et de corriger des idées fausses. L’activité de réflexion donne aux élèves le temps et l’occasion d’exprimer leurs émotions face au legs des pensionnats, mais également les mots pour en parler. Cette leçon se termine par une invitation à exploiter ces émotions pour poser des gestes vers la réconciliation.
CONTEXTE
En mai 2021, tout le Canada est choqué d’apprendre que plus de 200 sépultures non marquées ont été découvertes sur le site de l’ancien pensionnat autochtone de Kamloops, en Colombie-Britannique. Pour de nombreux survivants et leurs descendants, ce n’est pas une information nouvelle. Le rapport final de la Commission nationale pour la vérité et la réconciliation, publié en 2015, indiquait que des milliers d’enfants sont disparus alors qu’ils fréquentaient ces pensionnats.
Les 94 appels à l’action de la CRV énoncent clairement que nos systèmes d’éducation modernes font partie intégrante de la réconciliation. Les enseignants doivent trouver des façons de décoloniser l’histoire et les événements de l’actualité enseignés en classe, en les adaptant à l’âge des élèves.
Les classes sont diversifiées et les élèves autochtones et non autochtones (et enseignants) abordent ce contenu en fonction de leur propre niveau de connaissance sur le passé du Canada, de leurs différentes attentes culturelles quant à la façon d’exprimer ses émotions, et de leur propre capacité à parler de sujets difficiles et à composer avec de telles discussions. Pour agir de manière efficace et sensible, les enseignants doivent prendre le temps de réfléchir à leurs propres connaissances sur le sujet, et de les enrichir, mais il importe également de déterminer le niveau de compréhension des élèves.
ACTIVITÉS
Étape 1. Que savons-nous?
Option A: Pour les plus jeunes ou les élèves ayant peu de connaissances sur les pensionnats, voire aucune:
Commencez la conversation en distribuant des cartes sur lesquelles figurent les mots suivants. Encouragez les élèves à partager ce qu’ils savent au sujet de ces mots. Les élèves peuvent également préciser si chaque mot renvoie à quelque chose de positif ou de négatif.
RELATION | PENSIONNAT | BRISÉ |
INTERGÉNÉRATIONNEL | TRAUMATISME | AUTOCHTONES |
GOUVERNEMENT | ÉGLISES | LANGUE |
DISPARU | RÉCONCILIATION | ÉCOLE |
TRADITIONNEL | FAMILLE | CULTURE |
Discutez des réponses formulées et inscrivez les réflexions des élèves au tableau. Dites aux élèves que tous ces mots sont liés à un épisode de l’histoire du Canada et donnez-leur du temps pour échanger des idées et connaissances sur cet épisode particulier.
Option B: Pour les élèves qui ont déjà des connaissances sur le réseau de pensionnats :
Commencez par demander aux élèves ce qu’ils savent sur les pensionnats autochtones. Inscrivez leurs mots et leurs phrases au tableau.
Étape 2. Que vous pouvons-nous encore apprendre?
Lisez une histoire, adaptée à l’âge des élèves, sur le système des pensionnats et les conséquences du colonialisme. Remarque : Prévoyez plusieurs options, car il est possible que vos élèves aient déjà entendu certaines de ces histoires. Le fait de relire une histoire est toujours une option possible, mais il est plus enrichissant de relater des récits de différents auteurs, puisque cette approche permet de mieux saisir l’ampleur de la tragédie.
Voici quelques lectures recommandées :
Élémentaire (4 ans et plus)
Shi-shi-etko et Pirogue de Shin-chi par Nicola I. Campbell
Le chandail orange de Phyllis par Phyllis Webstad
Quand on était seuls par David A. Robertson
Intermédiaire (7 ans et plus)
Les bas du pensionnat par Christy Jordan-Fenton et Margaret Pokiak-Fenton
Je ne suis pas un numéro par Jenny Kay Dupuis et Kathy Kacer
Secondaire (14 ans et plus)
Cheval indien par Richard Wagamese
Kukum par Michel Jean
Shuni par Naomi Fontaine
Lorsque vous jugez que vos élèves sont prêts, mentionnez que depuis 2021, plusieurs communautés autochtones dénoncent le fait qu’il existe des sépultures non marquées sur les sites d’anciens pensionnats. Rappelez aux élèves que de nombreux survivants des pensionnats ont raconté que des enfants avaient disparu alors qu’ils se trouvaient au pensionnat. Bon nombre de ces histoires ont été documentées dans le cadre des travaux visant à recueillir des témoignages de la Commission de vérité et réconciliation, de 2008 à 2015. En septembre 2022, le Centre national pour la vérité et la réconciliation a déclaré, documentation à l’appui, que 4 000 élèves sont morts dans les pensionnats, et que l’on s’attend à ce que ce chiffre soit conservateur. Il importe de noter que ce chiffre ne comprend que les écoles qui étaient financées par le gouvernement fédéral et qui faisaient partie de la Convention de règlement relative aux pensionnats indiens. Il exclut les externats et d’autres établissements similaires que les enfants des Premières Nations, métis et inuits étaient obligés de fréquenter.
Étape 3. Quelle est notre réaction?
Lisez ensemble l’article « Le feu sacré est allumé », par Nicola Campbell, qui commence à la page 4 de Souvenons-nous des enfants.
Invitez les élèves à parler de leurs émotions alors qu’ils suivent cette histoire. Acceptez toutes les émotions exprimées. Lorsque cela est approprié, demandez aux élèves de développer leur pensée. Au besoin, rappelez au groupe que nous traversons les moments difficiles à notre façon et qu’il n’y a pas de « mauvaise » réponse. Représentez sous forme visuelle toutes les émotions exprimées.
Ensuite, invitez les élèves à réfléchir à la façon dont d’autres personnes, au Canada, ont pu réagir à cet épisode de l’histoire du Canada. Pensez aux survivants, aux personnes qui ont travaillé dans les écoles, aux descendants des survivants, aux fonctionnaires du gouvernement, aux membres des congrégations religieuses, aux nouveaux arrivants, aux habitants d’autres pays, etc. Il importe ici de présenter cet exercice comme une façon de développer l’empathie des élèves, et non pas comme une occasion pour les élèves de parler à la place des autres ou de justifier les pensionnats. Ajoutez toutes les nouvelles émotions à la liste.
Individuellement, les élèves devront produire une illustration abstraite d’une des émotions abordées. Travaillez en groupe pour rassembler les images des élèves et en faire une œuvre d’art. Trouvez un titre à votre collage et affichez-le pour que les membres de la collectivité puissent le voir.
Étape 4. Quelle est notre réponse?
Learning to identify our own perspective, and to empathize with others’ perspectives, is useful in andIl est toujours utile d’apprendre à parler de notre propre perspective et de faire preuve d’empathie envers la perspective des autres. Cependant, pour amorcer notre marche vers la réconciliation, il faut en faire plus. Les élèves doivent avoir la possibilité de transformer l’énergie de leurs émotions, surtout les émotions négatives, comme la colère, la tristesse ou la honte, en gestes positifs pour trouver des solutions. Si nous n’amenons pas la discussion jusqu’à cette étape, les élèves risquent de se sentir dépassés et impuissants.
Préparez quelques exemples de ce qui est fait pour composer avec le legs du système des pensionnats. Dressez une liste des gestes que vous pourriez poser, individuellement ou collectivement, pour travailler à la réconciliation entre les communautés autochtones et non autochtones du Canada. Pour trouver l’inspiration, lisez l’article de Lisa Jane Smith, « Vers une véritable réconciliation », à la page 26 de Souvenons-nous des enfants, qui présente les projets gagnants du programme Imagine un Canada du Centre national pour la vérité et la réconciliation.
ACTIVITÉS D'ENRICHISSEMENT
- Demandez aux élèves de choisir un aspect des pensionnats autochtones (perte de la langue, mauvaise alimentation et séparation de la famille, par exemple) et de rédiger une courte réflexion à ce sujet.
- Rédigez une lettre aux élus (demandez aux élèves de choisir celui qui serait le plus approprié) où vous lui faites part d’une idée pour travailler à la réconciliation dans votre collectivité.
- Sélectionnez un des 94 appels à l’action et faites-en le suivi.
- Invitez un Aîné autochtone ou un survivant des pensionnats à parler et à répondre aux questions des élèves. Assurez-vous de suivre les protocoles appropriés.
- Participez à un projet en cours ou devenez membre d’une organisation (Project of Heart, le Legacy Schools program du Gord Downie & Chanie Wenjack Fund, les programmes de la Société de soutien à l’enfance et à la famille des Premières Nations du Canada, par exemple).
- Sensibilisez votre collectivité en créant des affiches ou des macarons pour souligner la Semaine de la vérité et de la réconciliation, en septembre. Demandez à des entreprises locales d’installer vos affiches et d’offrir les macarons à leurs clients.
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