En descendant la rivière
Le River Road Heritage Parkway longe la rive ouest de la rivière Rouge au nord de Winnipeg, la plus ancienne emprise publique à l’ouest de l’Ontario. Cependant, ses origines sont encore plus lointaines, puisque les gens qui voyageaient de l’amont des rivières Rouge et Assiniboine jusqu’au lac Winnipeg ont emprunté cette route pendant des millénaires.
Les principaux attraits touristiques le long de River Road aujourd’hui, soit l’église St. Andrew et son presbytère, l’écluse et le barrage de St. Andrew et Lower Fort Garry, tous des sites historiques nationaux ou provinciaux, mettent bien en valeur les raisons pour lesquelles tant de gens sont passés par ici depuis si longtemps : les rapides de la rivière Rouge.
C’est ici, où les eaux troubles de la rivière, très vaste à cet endroit, s’écoulent sur une série de seuils de calcaire, que l’on trouve les meilleurs sites de pêche au pays. Les pêcheurs se postent sur les rives, en amont et en aval du barrage (qui noya les rapides il y a près d’un siècle), et en tirent de tout, du doré jaune à d’immenses poissons-chats. Les «gros chats» doivent être remis à l’eau, mais l’excitation de se retrouver face à face avec ce géant des rivières compense largement cette perte.
Sur les deux rives, le sol est riche et de couleur foncée, en raison des nombreuses inondations, et les archéologues ont trouvé des traces d’une grande communauté agricole vieille de six cents ans. Les colonies européennes sont plus récentes, remontant au début des années 1820, alors que la Compagnie de la Baie d’Hudson, aux prises avec un excès d’employés des Orcades ou d’Écosse souffrant du mal du pays, transforma la rive ouest de la rivière, au nord de la colonie de Selkirk un peu plus ancienne, en terres agricoles.
Sautant sur l’occasion, William Cockran, un écossais dynamique membre de la société des missionnaires de l’église d’Angleterre, débarqua sur les lieux en 1830. «Je m’installai sur une des rives des rapides, écrit-il et y demeurai jusqu’à ce que ma maison soit construite; ensuite, j’y ai rassemblé des gens et j’ai prêché pour eux.» Le résultat? St.Andrew’s-on-the-Red, la plus ancienne église à l’ouest des Grands Lacs. En 1844, un maçon écossais, Duncan McRae, fut engagé pour construire une nouvelle église, à partir de pierres de calcaire de Tyndall, trouvées à proximité. Construite dans le style néo-gothique, avec des agenouilloirs en peau de bison, l’église est encore fréquentée aujourd’hui. Le presbytère de St. Andrew, un bel exemple de l’architecture de la rivière Rouge, abrite toujours le presbytère de la paroisse au second étage. Au premier, on trouve des expositions et de l’information sur le presbytère, l’église et son cimetière historique.
À un jet de pierre au nord se trouve la Captain Kennedy House, un manoir de deux étages et demi ceint de magnifiques jardins anglais. Construite en 1866 pour le commerçant de la CBH et aventurier de l’Arctique, William Kennedy, la résidence restaurée héberge un charmant salon de thé entre les mois de mai et octobre. On dit aussi qu’il y vit un fantôme.
Plus loin au nord se trouvent l’écluse et le barrage St. Andrews, un site historique national de Lockport. De l’autre côté du pont, on peut visiter le centre Kenosewun («là où il y a beaucoup de poisson», en langue crie), avec ses expositions archéologiques et ses renseignements touristiques. Le centre se trouve dans un parc traversé de sentiers surplombant l’ancien lieu de pêche.
Pour plusieurs, Lower Fort Garry est le grand attrait de cette visite. Le gouverneur George Simpson ordonna en 1830 la construction de ce magnifique bâtiment en pierre de calcaire en aval des rapides. Le lieu se révéla rapidement mal choisi et l’on commença, cinq ans plus tard, la construction d’Upper Fort Garry, trente-deux kilomètres en amont, à La Fourche, au confluent de la rivière Assiniboine. Mais ce qui se révéla un désavantage commercial se révéla un avantage historique, puisque Lower Fort Garry est l’un des plus anciens forts de pierre demeurés intacts en Amérique du Nord. Des comédiens costumés nous font visiter les lieux, contribuant ainsi à offrir au public une foule d’activités de la mi-mai jusqu’à la fête du Travail.
Et qui dit que l’histoire ne se répète pas? Entre 1830 et 1870, River Road était l’endroit où l’immobilier était le plus recherché au Manitoba. Les magnifiques maisons que l’on y retrouve semblent témoigner, encore aujourd’hui, de cet engouement.
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