Défenseur dans l’ombre

Un fonctionnaire peu connu et travaillant mérite d’être reconnu comme le père des parcs et des lieux historiques nationaux du Canada.

Écrit par E.J. (Ted) Hart

Mis en ligne le 16 mai 2015

« L’histoire racontée dans les livres ne pourra jamais enflammer l’imagination autant que celle illustrée par des objets et des paysages concrets. Aucun Canadien ne veut que le lieu de célèbres victoires, pour la paix ou pour la guerre, soit incorporé au domaine d’une propriété privée. »

–J. B. Harkin, Just a Sprig of Mountain Heather (1914).

Si la plupart des Canadiennes et des Canadiens peuvent nommer quelques-uns des lieux historiques et des parcs nationaux du Canada, très peu d’entre eux peuvent donner le nom de celui à qui on les doit : James Bernard Harkin. Connu comme le « père des parcs nationaux du Canada », M. Harkin est également l’homme derrière la création de ce qui est aujourd’hui un réseau de 167 lieux historiques nationaux gérés par l’Agence Parcs Canada.

Compte tenu de l’intérêt croissant des gens pour la conservation, les loisirs et la préservation des lieux historiques, il semble étrange qu’une personne qui a joué un rôle si important dans ces trois domaines soit si peu connue… ou l’est-ce vraiment? Après tout, nous sommes plutôt habitués à ce que les héros soient des athlètes, des acteurs, des militaires ou des scientifiques et non des fonctionnaires.

De surcroît, l’évolution des parcs et des lieux historiques du Canada, la position de M. Harkin et son modus operandi ont aussi contribué à son anonymat.

Voici un exemple. La création du Service national des parcs (National Park Service) aux États-Unis, en 1916, est en grande partie l’œuvre de Stephen Mather, un homme d’affaires riche et sociable avec un grand réseau de relations. M. Mather a mené une campagne vigoureuse afin d’obtenir un soutien public et privé pour la création des parcs et il a également utilisé généreusement sa fortune personnelle pour la cause. On a beaucoup écrit sur M. Mather dont le nom sert à désigner de nombreux éléments de parcs nationaux américains comme la pointe Mather (Mather Point), dans le parc national du Grand Canyon (Grand Canyon National Park).

La création du réseau de parcs et de lieux historiques nationaux du Canada est largement attribuable aux démarches de politiciens et de bureaucrates. M. Harkin était le fonctionnaire à la tête de ces efforts et, conformément à la nature du service gouvernemental et à sa propre prédilection pour la discrétion, il a laissé peu de traces de ses réalisations.

Il n’est toutefois pas entièrement tombé dans l’oubli. Le mont Harkin, dans le parc national Kootenay, porte son nom et une plaque commémorative lui a été dédiée à Banff. Il y a également un prix de conservation à sa mémoire, la médaille Harkin. M.

Harkin naît en 1875 à Vankleek Hill, en Ontario. Fils de William Harkin, médecin et député provincial conservateur, il grandit sous l’influence de son frère aîné, William Jr., un journaliste politique pour l’Ottawa Journal. À 17 ans, M. Harkin suit les traces de son frère et travaille aussi au journal.

M. Harkin devient rapidement chef de rubrique locale et membre de la tribune de la presse parlementaire. Il fait un reportage sur le succès de Wilfrid Laurier et de ses libéraux qui commencent à refaire le pays après leur victoire électorale en 1896. Le savoir politique et les aptitudes en rédaction de M. Harkin attirent l’attention du lieutenant de Laurier dans l’Ouest, le ministre de l’Intérieur Clifford Sifton, qui lui propose de devenir son secrétaire politique.

Le 2 décembre 1901, après avoir réussi les examens de service civil, M. Harkin, alors âgé de 26 ans, entre au service du gouvernement comme commis de deuxième classe. Le poste de nature délicate l’oblige à travailler dans les coulisses, une façon de faire qui caractérisera toute sa carrière. M. Harkin est bientôt promu secrétaire-chef et quand le député d’Edmonton Frank Oliver succède à M. Sifton en tant que ministre, en 1905, M. Harkin garde son emploi et devient l’expert principal de M. Oliver.

Parmi les nombreuses responsabilités de M. Oliver, on trouve la collection désordonnée de parcs et de réserves du ministère de l’Intérieur. Tout commence avec la création du parc des Montagnes-Rocheuses (plus tard le parc national de Banff) le long de la nouvelle la ligne du Chemin de fer Canadien Pacifique, en 1887. On ajoute peu après des réserves panoramiques autour du mont Stephen, près de Field en Colombie-Britannique, et du col Rogers, dans la chaîne Selkirk (plus tard les parcs nationaux de Yoho et des Glaciers). En 1895, on crée un petit parc forestier aux lacs Waterton, en Alberta, et en 1903, une grande réserve de wapitis à l’est d’Edmonton (plus tard le parc national de Elk Island). En 1907, M. Oliver est le fer de lance de la création du grand parc forestier de Jasper le long de deux nouvelles lignes de chemin de fer situées près du cours supérieur de la rivière Athabasca.

Le nombre croissant de biens et le manque de surveillance administrative mènent le ministre à présenter un projet de loi, la Loi des réserves forestières et des parcs fédéraux, qui mettrait les cinq parcs sous les auspices de la nouvelle Division des parcs du Dominion. M. Oliver demande à M. Harkin de diriger cette division. Bien qu’il prétende n’avoir « aucune connaissance sur les parcs ni en ce qui concerne les attentes à son égard », M. Harkin devient commissaire de la Division des parcs du Dominion le 10 août 1911.

M. Harkin est confronté à de nombreux défis. La nouvelle législation stipule que les parcs doivent faire partie des réserves forestières, mais celles-ci sont si petites qu’elles en sont presque insignifiantes. De plus, M. Harkin constate que pour renforcer et agrandir le réseau de parcs naissant – voire même pour qu’il survive, la population canadienne devra croire en l’importance des parcs.

Pour amener les gens à accorder une importance à ces endroits, M. Harkin s’inspire des tendances alors actuelles de la vie sociale et économique canadienne, soit une croyance émergente selon laquelle la nature n’était pas quelque chose à conquérir à des fins de progrès, mais plutôt un élément humanisant pouvant aider à rétablir la santé et à calmer les tensions causées par la vie urbaine. M. Harkin en est lui-même convaincu après une première visite du parc des Montagnes-Rocheuses, en 1912, avec le Club Alpin du Canada.

« On m’accuse parfois d’accorder des pouvoirs surnaturels aux montagnes », écrit plus tard M. Harkin. « C’est peut-être le cas. Je crois sincèrement qu’elles dégagent quelque chose, des émanations intangibles pourtant bien réelles qui exaltent et purifient l’esprit. »

La Loi indique que les parcs existent pour le bénéfice, l’instruction et le plaisir du peuple canadien et M. Harkin soutient que la meilleure façon de profiter des parcs nationaux est par la pratique des « loisirs purs, sains et bienfaisants en plein air » qu’on peut y faire.

Un autre des défis que doit surmonter M. Harkin est lié aux attentes politiques voulant que les parcs assument leur part de la charge de travail, comme toutes les activités du ministère de l’Intérieur dans l’Ouest devaient contribuer à la bourse nationale. Après des recherches sur la valeur du tourisme dans l’économie de divers pays européens, M. Harkin juge que le tourisme pourrait fournir les recettes nécessaires aux parcs. Il se met donc à militer pour rendre les parcs accessibles à la nouvelle technologie de l’époque, l’automobile. Sous peu, la construction de routes et de chemins représente la majorité des travaux d’établissement initiaux de la Division des parcs du Dominion.

M. Harkin acquiert la capacité caractéristique d’inventer des phrases mémorables affirmant notamment que le réseau de parcs apportera « des bienfaits tant sur le plan financier que sur le plan humain ». En 1920, son approche porte ses fruits lorsque le futur premier ministre, Arthur Meighen, appuie l’augmentation du financement pour les parcs. M. Harkin rappelle que « le vote des crédits a été adopté sans autre objection, ce qui établit la valeur économique des parcs ».

M. Harkin a déjà remporté quelques victoires. Il réussit à faire adopter, en 1913, une modification visant à supprimer l’obligation que les parcs fassent partie des réserves forestières ainsi qu’à faire annuler, en 1914, la décision de réduire la taille des parcs des Montagnes-Rocheuses, de Jasper et des lacs Waterton. La même année, Harkin produit Just a Sprig of Mountain Heather, un beau souvenir pour les visiteurs des parcs et un document sur la politique canadienne en matière de parcs.

Porte d'entrée du parc des Montagnes-Rocheuses avec les montagnes en arrière.

Au cœur de la politique se trouve sa demande pour la mise sur pied de quatre types de parcs distincts : les parcs panoramiques, les parcs historiques, les parcs d’animaux et les parcs situés de façon à être accessibles spécialement aux gens des secteurs très urbanisés.

Les parcs panoramiques sont déjà bien établis, mais ils sont tous situés dans l’Ouest où leur création a été facilitée par le fait que de nombreuses terres demeurent sous contrôle fédéral. Pour créer des parcs près des grandes zones peuplées, M. Harkin doit étendre le réseau à l’Est du pays.

C’est dans ce but que M. Harkin fixe un premier rôle pour les parcs historiques mentionnés dans Sprig. Il fait déjà partie des premiers membres de l’Historic Landmarks Association of Canada (plus tard la Société historique du Canada), une ramification de la Société royale du Canada fondée en 1907 afin de coordonner l’intérêt pour les activités de préservation et de commémoration du patrimoine.

L’Historic Landmarks Association of Canada vise, entre autres, la mise en valeur des Plaines d’Abraham pour célébrer le tricentenaire de Québec, en 1908, et la planification de l’inventaire des lieux historiques importants du Canada. Cependant, l’organisme est pratiquement paralysé par des rivalités nationalistes. La situation donne à M. Harkin l’occasion de combler des lacunes.

« Il y a beaucoup de lieux d’intérêt historique pour lesquels les indications sont mauvaises, voire inexistantes », écrit M. Harkin dans un rapport de 1913. « Bien qu’il soit quelque peu hors de la sphère des parcs nationaux de gérer l’interprétation des champs de bataille, il est très souhaitable, d’un point de vue national, de désigner ces lieux comme des réserves nationales et de préserver les ruines, les anciens forts, les vieilles tours, etc. ayant une valeur historique. »

M. Harkin ajoute que ces lieux historiques « doivent servir de lieux de vacances pour les enfants canadiens qui, tout en profitant des bienfaits du plein air, auraient l’occasion d’y acquérir des connaissances historiques dans des conditions qui feraient certainement d’eux de meilleurs Canadiens ».

Fort Howe à Saint John, au Nouveau-Brunswick, est le premier endroit désigné comme parc historique national principalement grâce aux efforts de Mabel Peters, présidente de la Playgrounds Association of Saint John. Mme Peters avait écrit à M. Harkin au sujet des tentatives infructueuses des résidents de la communauté de transformer Fort Howe en un parc et terrain de jeu. Construit pendant la Révolution américaine pour protéger le port, le fort avait ensuite joué un rôle important pour les Loyalistes de l’Empire-Uni et plus tard servi dans la fondation de Saint John, en 1783.

M. Harkin voit immédiatement une occasion de lier les bienfaits du plein air pour les enfants à l’interprétation et à la préservation des lieux historiques.

Le projet de Fort Howe remplissait également l’objectif de créer un parc près d’un centre urbain de l’Est. Le 30 mars 1914, un décret fait de Fort Howe un parc historique national et en 1917, le parc historique national du Fort-Anne est inauguré à Annapolis Royal, en Nouvelle-Écosse.

Parallèlement, M. Harkin travaille à la création des autres types de parcs mentionnés dans Sprig. Il forme une division pour les parcs d’animaux et commence à s’appuyer sur le travail des anciens responsables des parcs pour préserver le plus grand, ainsi que l’un des derniers, troupeau de bisons du parc de Buffalo près de Wainwright, en Alberta. Bon nombre des bisons seront plus tard envoyés dans le parc national de Wood Buffalo (Territoires du Nord-Ouest), créé en 1922.

La menace qui pèse sur une autre espèce en déclin dans l’Ouest, l’antilocapre, est neutralisée par la désignation de trois parcs d’antilopes (Wawaskesy, Menissawok et Nemiskam) dans le sud de l’Alberta et de la Saskatchewan au début des années 1920.

M. Harkin devient finalement responsable de toute la faune des terres fédérales et prend ainsi part, en 1917, à l’adoption de la Loi sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs qui confirme un traité international avec les États-Unis. La Division des parcs du Dominion commence à bâtir des refuges d’oiseaux et en 1918, elle établit l’un des premiers parcs nationaux du Canada axé sur la protection des oiseaux à la pointe Pelée, en Ontario, sur le lac Érié.

Après la Première Guerre mondiale, M. Harkin continue de créer de nouveaux parcs dans l’Ouest. Une des réalisations qu’il apprécie particulièrement découle de ses efforts pour mener à bien la construction d’une route, commencée en 1912, afin de relier Banff à l’intérieur de la Colombie-Britannique. La route est un circuit touristique depuis la côte ouest et les États-Unis.

Un mur et un musée restaurés au fort Beauséjour.

Lorsque la construction est abandonnée pendant les années de guerre, M. Harkin et le promoteur Randolph Bruce proposent au ministre que ce soit le gouvernement fédéral qui achève la route en échange d’une emprise, cédée par la Province, de 8 km de part et d’autre de la route. En 1920, le parc national de Kootenay est créé sur ces terres. M. Harkin compte la désignation du parc et l’achèvement de la route Banff-Windermere (1923) parmi ses plus grandes réalisations.

Pendant ce temps, en 1919, Arthur Meighen – alors ministre de l’Intérieur – subit de la pression pour préserver d’importants lieux historiques canadiens. Il se tourne vers M. Harkin, le seul fonctionnaire avec de l’expérience dans le domaine.

M. Harkin suggère de former un conseil d’experts chargé de faire des recommandations. Le conseil serait soutenu par les mécanismes gouvernementaux existants de la Division des parcs du Dominion. C’est ainsi que naît la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, composée de cinq historiens réputés et de M. Harkin, son secrétaire.

À la première réunion de la Commission, en octobre 1919, les membres décident de recenser les lieux historiques du Canada. Un total de 547 lieux est identifié dans les premières années, mais des rivalités entre les membres – les historiens ont tendance à promouvoir leurs propres intérêts ou leur propre région ce qui entraîne une certaine concurrence et de la rancœur – et le manque de fonds limitent les réalisations initiales de la Commission.

En fait, seulement un an après cette première réunion, un des membres mécontents se met à militer activement pour l’abolition de la Commission. M. Harkin exhorte le premier ministre Meighen à retirer ce membre du conseil et affirme que « sa présence n’a fait que retarder le travail et causer des problèmes ». Toutefois, le membre continue de faire partie de la Commission jusqu’en 1923 où de nouveaux membres sont nommés.

Une chose sur laquelle s’entendent les membres de la Commission est que l’on ne doit désigner que les lieux d’importance nationale. Une plaque commémorative distincte est commandée à cette fin.

En 1921, la Division des lieux historiques est créée à la Division des parcs du Dominion et c’est Arthur Pinard, ancien officier d’armée francophone, qui en est à la tête. Une première plaque commémorative est installée en 1922 à Port Dover, dans le sud de l’Ontario (aujourd’hui le lieu historique national du Canada du Site-de-la-Falaise), pour souligner la revendication de la région du lac Érié par la Nouvelle-France, en 1670. Après 1923, les progrès commencent par la restauration de quelques endroits dont le fort Chambly, le fort Lennox, le fort Wellington et le fort Langley.

Il se trouve que les plus importants travaux liés aux lieux historiques ont lieu pendant la Grande Dépression. M. Harkin, qui a fait appel à son propre personnel technique pour la planification, convainc le gouvernement de créer des emplois par le financement de travaux publics pour reconstruire la forteresse de Louisbourg et le fort Beauséjour ainsi que pour bâtir les musées du fort Chambly et du fort Anne.

Dans ce qui sera l’une des plus grandes réalisations de M. Harkin, le libellé de la Loi sur les parcs nationaux de 1930 identifie les lieux historiques nationaux distinctement des parcs nationaux. Une feuille de route différente est donc inévitablement créée pour les lieux historiques qui demeurent toutefois gérés par le même organisme que les parcs.

M. Harkin complète sa carrière en création de parcs par l’établissement de grands parcs dans les Maritimes. Il rédige le cadre législatif pour la création du parc national des Hautes-Terres-du-Cap-Breton (1936) et du parc national de l’Île-du-Prince-Édouard (1937). Malgré le peu de temps qu’il lui reste à y consacrer, M. Harkin demeure dévoué à la cause des lieux historiques jusqu’à sa retraite, en 1936.

Lorsque meurt M. Harkin, en 1955, l’Ottawa Journal publie à la une un article nécrologique qui le nomme « le père des parcs nationaux du Canada ». L’article souligne qu’il est parvenu à « organiser le chaos causé par l’attitude de laissez-faire jadis associée à la création des parcs ».

La Commission des lieux et monuments historiques du Canada recommande que M. Harkin soit désigné personne d’importance historique nationale. En 1958, on dévoile à Banff une plaque commémorative qui le décrit comme rédacteur, fonctionnaire, conservationniste et humanitaire.

L’honneur qu’aurait possiblement le plus aimé M. Harkin est créé en 1972 par la Société pour la nature et les parcs du Canada : le prix de conservation J. B. Harkin. La médaille Harkin de conservation est décernée « en mémoire de ce Canadien exceptionnel » et elle souligne « ceux qui se mettent au service des parcs avec tout autant de distinction ».

À juste titre, la première médaille est remise à Jean Chrétien, alors ministre des Affaires autochtones et du Nord, pour souligner son travail dans la création de 11 nouveaux parcs nationaux, dont trois dans le Nord.

Il existe aujourd’hui 42 parcs nationaux au Canada ainsi que quatre aires marines nationales de conservation. Au dernier recensement, on a compté 956 lieux historiques nationaux, dont 167 sont gérés par l’Agence Parcs Canada, 648 personnes d’importance historique nationale et 417 événements d’importance historique nationale.

Ainsi se compose l’un des plus vastes réseaux de lieux protégés du monde, un héritage impressionnant laissé par un homme qui, au début, prétendait ne rien savoir sur les parcs.

Héros de la préservation du patrimoine

Les lieux historiques ne survivent pas seuls à l’épreuve du temps. Il faut souvent des bénévoles passionnés de préservation pour veiller à ce qu’ils ne soient pas démolis, recouverts d’asphalte ou autrement détruits. Voici quelques personnes qui ont contribué à protéger nos lieux historiques nationaux.

Un homme à la barbe blanche est assis.

Joseph-Octave Dion (1838-1916)

Gardien résident du fort Chambly

Joseph-Octave Dion grandit à côté des ruines du fort Chambly, construit à l’origine le long de la rivière Richelieu pour protéger les colons de la Nouvelle-France contre les Iroquois. Il déménage ensuite à Montréal et commence une carrière en journalisme.

Lorsqu’il revient dans sa ville natale, M. Dion est alarmé par la détérioration du fort – les gens en enlevaient des blocs de pierre qui leur servaient à construire des maisons et des clôtures. M. Dion commence à amasser des fonds, organise des visites guidées et, en 1875, publie la première histoire du bâtiment.

Joseph-Octave Dion s’installe sur les terres du fort où il vit pendant 30 ans. Le ministère fédéral des Travaux publics finit par fournir des fonds pour restaurer le fort et M. Dion supervise le projet.

Portrait d'une femme en robe d'infirmière.

Katharine McLennan (1892-1975)

Championne de Louisbourg

De nombreuses personnes ont fait campagne pour la restauration de la forteresse de Louisbourg, mais l’une d’entre elles se distingue. Katharine McLennan est issue d’une famille riche, avec de bonnes relations, qui passe ses vacances sur les terres adjacentes aux ruines de la fortification française du XVIIIe siècle.

Après avoir servi outre-mer comme infirmière pendant la Première Guerre mondiale, Mme McLennan entreprend de raviver Louisbourg. Elle rassemble des artéfacts français, met sur pied un musée, construit une maquette du site du lotissement urbain et milite pour que les ruines soient reconnues par le gouvernement fédéral.

Lorsque Mme McLennan commence son travail, l’autrefois redoutable forteresse de Cape Breton est réduite à des enclos de moutons en plus d’avoir été pillée par des chasseurs de souvenirs. De nos jours, c’est une destination historique de premier plan où vont chaque année des milliers de touristes.

J. C. Webster (1863-1950)

Médecin renommé devenu historien

J.C. Webster est un éminent médecin qui exerce et enseigne la médecine aux États-Unis et se fait le pionnier d’approches novatrices en matière d’obstétrique et de gynécologie.

Atteint de problèmes de santé chroniques, il met brusquement fin à sa carrière médicale en 1920, à 57 ans, et retourne dans sa ville natale de Shediac, au Nouveau-Brunswick, où il commence une seconde carrière comme historien. M. Webster et sa femme Alice Lusk Webster, une collectionneuse d’objets d’art accomplie, rassemblent une énorme collection d’artéfacts qui est donnée au Musée du Nouveau-Brunswick. M. Webster achète également le terrain sous lequel est situé le fort Beauséjour du Nouveau-Brunswick et il en fait don plus tard au Canada.

Président de la Commission des lieux et monuments historiques du Canada, M. Webster dirige la création du musée des forts Beauséjour, Gaspareaux et Anne ainsi que de la forteresse de Louisbourg.

Un homme en uniforme militaire.

Stuart Taylor Wood (1889-1966)

Gendarme visionnaire de fort Walsh

La passion de Stuart Taylor Wood pour l’histoire de la police montée lui vient de son père, Zachary Taylor Wood, membre de la Police à cheval du Nord-Ouest pendant la Rébellion du Nord-Ouest et la ruée vers l’or au Yukon.

Le cadet de la famille Wood intègre les rangs de la police montée en 1912 et se rend jusqu’à devenir commissaire. Il crée le premier musée de la Gendarmerie royale du Canada (GRC) en 1933-1934.

En 1942, il achète d’un éleveur le site du vieux fort Walsh, un ancien poste de la Police à cheval du Nord-Ouest qui a joué un rôle de premier plan pour rétablir la situation dans l’Ouest. M. Wood reconstruit le poste en suivant autant que possible le concept original de 1875 et il utilise le bâtiment pour faire l’élevage des célèbres chevaux noirs de la GRC.

Après la mort de M. Wood, en 1966, le fort est remis entre les mains de l’Agence Parcs Canada en tant que lieu historique national.

Cet article est paru dans le numéro juin-juillet 2011 du magazine Canada’s History.

Cet article est aussi offert en anglais.

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