Noirs et Autochtones
Le mot « AfroAutochtone » est un terme général qui englobe beaucoup de situations différentes. Chaque personne a sa propre histoire et peut s’identifier plus précisément à l’héritage d’un de ses parents, ou des deux. Certaines personnes se décrivent comme des Jamaïcains et Cris, des Éthiopiens et Anishinaabe, ou des Noirs et Mi’kmaq.
L’histoire orale — celle que les parents transmettent à leurs enfants — nous dit que les premiers AfroAutochtones étaient des enfants de gens qui avaient été réduits à l’esclavage et de membres des communautés autochtones qui les avaient accueillis. Leurs descendants sont donc considérés comme des Afro-Autochtones, qui ont des racines à la fois africaines et autochtones.
La traite des esclaves à travers l’Atlantique a duré près de quatre siècles avant d’être finalement abolie au 19e siècle. Des millions d’Africains ont été capturés, forcés d’embarquer sur des navires et amenés de l’autre côté de l’océan Atlantique. Les marchands d’esclaves européens vendaient ces êtres humains à des Blancs riches. Les esclaves africains ne recevaient aucun salaire pour leur travail dans des conditions difficiles, dans toutes les îles des Antilles et l’île de la Tortue (l’Amérique du Nord).
Une bonne partie de ces esclaves se sont enfuis et ont cherché refuge dans des communautés autochtones. (Même si de nombreuses nations autochtones sympathisaient avec les esclaves, certaines d’entre elles ont en fait participé à l’asservissement des Noirs.)
Beaucoup d’anciens esclaves ont fui les États-Unis pour le Canada en passant par le chemin de fer clandestin, un réseau secret d’Américains opposés à l’esclavage. D’autres ont échappé à l’esclavage ici. D’après la tradition orale, certains de ces fugitifs se seraient rendus jusqu’au Mi’kma’ki (le territoire des Mi’kmaq) et dans des communautés annishinaabeg et haudenosaunee. Ils ont épousé des Autochtones, et leurs enfants sont devenus les premiers Afro-Autochtones. Ce métissage existe donc au Canada depuis plus de 400 ans.
Le site Web Proclaiming Our Roots (en anglais seulement) est un excellent endroit pour en apprendre plus sur les Afro-Autochtones et leur longue histoire ici dans l’île de la Tortue. On y trouve une collection d’histoires de gens qui s’identifient à la fois comme Noirs et comme Autochtones. C’est un des très rares projets consacrés à l’histoire des Afro-Autochtones au Canada.
La Dre Ciann Wilson et Ann Marie Beals ont fait beaucoup de choses pour faire connaître la situation des Noirs Autochtones au Canada. L’absence de recherche sur ce groupe peut parfois le rendre invisible aux yeux des autres Canadiens. Il y a plus d’information disponible sur les groupes afroautochtones des États-Unis, comme les Séminoles noirs. (Souvent, les Autochtones ne faisaient pas de distinction claire entre le Canada et les États-Unis. Ils mettaient plutôt l’accent sur leurs territoires, qui traversaient parfois les frontières.)
Les Séminoles noirs sont issus de Noirs, libres ou esclaves en fuite, qui se sont intégrés à la nation autochtone des Séminoles. Les gens de ces communautés se mariaient entre eux et travaillaient ensemble, en s’aidant mutuellement pour tenter d’empêcher les Blancs de prendre leurs terres. Les Séminoles noirs ont finalement été forcés de déménager vers l’ouest, pendant que d’autres Séminoles se cachaient dans les marais de la Floride.
Ann Marie Beals écrit qu’au Canada, les communautés autochtones et noires s’unissaient pour faire face à l’oppression des Européens venus ici pour établir des colonies. Elle s’identifie elle-même comme une L’nu bispirituelle autochtone et noire. (Le mot L’nu signifie « le peuple ». C’est le nom par lequel les Mi’kmaq se désignent eux-mêmes.)
Elle affirme que les Canadiens blancs ont volontairement rendu les Afro-Autochtones invisibles, même s’ils reconnaissaient l’héritage particulier des groupes issus de Blancs et d’Autochtones. C’est pourquoi de nombreux Afro-Autochtones disent qu’ils ne se sentent pas complets ou satisfaits de ce qu’ils sont. Certains ont subi du racisme anti-Noirs de la part de communautés autochtones et de l’ensemble du Canada.
Depuis quelques années, les Canadiens ont commencé à entendre plus de voix afro-autochtones dans les médias, sur Internet et dans les arts. Voici quelques Afro-Autochtones qui laissent leur marque dans le Canada d’aujourd’hui.
ADELINE BIRD
Une auteure, cinéaste et productrice qui s’identifie comme une Afro-Anishinaabe. Elle a écrit le livre Be Unapologetically You: A Self Love Guide for Women of Color.
JAHKEELE MARSHALL-RUTTY
Jahkeele joue comme attaquant pour le club de soccer Toronto FC. Il s’identifie comme un descendant de Jamaïcains, d’Allemands et de Mi’kmaq.
JULIAN TAYLOR
Il est un musicien qui a été mis plusiers fois en nomination pour les prix Juno décernés à des musiciens canadiens. Il dit avoir des racines mohawks et antillaises.
Au sujet d'auteur
Oscar Baker III est un écrivain et un père de famille. Il est à la fois Noir et Mi’kmaw, de la première nation Elsipogtog (N.-B.) et de St. Augustine, en Floride. Il est journaliste depuis huit ans et il travaille de chez lui, dans la communauté d’Indian Island (N.-B.). Il a remporté le prix David Adams Richards pour un essai et il a été le premier Autochtone stagiaire en rédaction pour le magazine The Walrus. Il espère que la lecture de cet article vous amènera à vous poser des questions sur d’autres histoires qui pourraient être encore cachées.
Wela’lin (Merci)
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