Transcription textuelle Retracer l'histoire
Au 16ᵉ siècle, alors que Jacques Cartier avait à peine parcouru le Saint-Laurent et que plus rien ne passait du côté des Européens, les Basques étaient déjà en train d’exercer une activité commerciale dans le golfe du Saint-Laurent.
Chaque été, ils venaient s’installer, chasser la baleine, pêcher la morue et — c’est ce qui fait la particularité de l’Île aux Basques — faire des échanges avec les Autochtones. Donc la traite des fourrures.
C’est le lieu le plus ancien et le plus à l’ouest de commerce entre les Autochtones et les Européens.
Moi c’est Mikael Rioux, je suis gardien, capitaine et guide sur l’île aux Basques. Ici, cette île-là, on estime entre 1580 et 1630 environ la présence basque saisonnière sur l’île.
L’importance historique de l’île aux Basques, c’est qu’on est vraiment un carrefour d’autoroute à l’époque des Premières nations qui était très fréquenté.
Il y avait les Wolastoqiyik Wahsipekuk qui sont dans le secteur ici qui venaient l’été, surtout sur le bord du fleuve, il y avait les Mi'kmaq aussi qui fréquentaient le secteur, les Innus également et les Iroquois du Saint-Laurent. Ils venaient ici pour faire des échanges commerciaux, pour échanger entre eux, et quand les Européens sont arrivés, c’est ici qu’il y a eu les balbutiements de la traite des fourrures, entre autres.
Il y a eu beaucoup de troc qui était fait avec les Basques qui fréquentaient l’Île.
À cette époque-là, les Basques avaient chassé à peu près toutes les baleines qu’il y avait à chasser dans le golfe de Gascogne en Espagne, puis ils en étaient rendus à traverser l’Atlantique pour aller chercher leur ressource qui était quand même très abondante ici dans l’estuaire et dans le golfe du Saint-Laurent.
La baleine la plus chassée c’était la baleine franche. En anglais, on disait « the right whale », « the right whale to kill », parce que c’est une baleine qui est lente, qui est très grasse et qui flotte à la surface une fois abattue.
Ici dans le fond, c’est les vestiges des fourneaux qui ont été utilisés par les Basques pour faire fondre la graisse de baleine. Puis, bien entendu ça a été restauré.
Les fouilles archéologiques ont eu lieu au début des années 90, mais à l’époque la végétation recouvrait complètement ces fourneaux-là. Il y avait la base qui est encore d’origine, mais tout ça a été reconstitué avec les pierres qu’on a retrouvées autour.
On retrouve du noir ici, c’est le gras de baleine carbonisé. On en retrouve encore à travers ces pierres-là. C’était vraiment l’endroit où le four a été découvert, parce que les assises étaient encore là. Il y en a un autre juste à côté ici.
Là c’est l’Anse à la baleine, il y avait deux fours qui fonctionnaient souvent 24 heures sur 24.
À l’intérieur, il y a le trou où on mettait le bois et puis par-dessus il y avait un immense chaudron de cuivre qui était là.
Il y avait un petit escalier pour monter pour aller déposer les morceaux de lard de baleine. Souvent, la petite baie qui était à côté on remontait la baleine à marée haute et une fois que la marée descendait on pouvait grimper sur la baleine, la dépecer.
C’était très rapide comme façon de faire parce que l’odeur d’une baleine échouée en décomposition c’est assez fort. On se dépêchait, c’est pour ça que des fois on avait deux fourneaux au même endroit, pour accélérer la transformation de la baleine en huile.
C’était très très important dans l’économie de l’Europe d’avoir de l’huile de baleine, et la morue, à cause des 120 jours maigres de l’Église catholique, était une une ressource alimentaire très très importante pour l’Europe également.
Donc les Basques faisaient fortune en venant ici.
Les Basques étaient là pour exercer une activité commerciale, ils n’étaient pas là pour s’installer, pour prendre des terres, pour envahir.
Ils n’avaient même pas de pays les Basques ; ils n’avaient rien à conquérir, rien à défendre. Les Basques ont choisi l’île aux Basques probablement pour son aspect de carrefour commercial qu’elle avait déjà.
Dans l’histoire des peuples autochtones, si on remonte plus loin, les fouilles archéologiques ont prouvé que plusieurs peuples très très éloignés d’ici ont convergé vers l’île aux Basques et se sont livrés à des échanges.
Ici, on est au carrefour de routes qui reliaient tout l’est de l’Amérique du Nord, les Grands Lacs, le Grand Nord et le Nord-Ouest.
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