Transcription textuelle de la vidéo Origines
Ce dont on peut être certain, lorsqu’on parle de la présence des Premières nations sur l’île de Montréal, c’est qu’il y a eu une continuité à travers les époques. Donc, le plus ancien endroit où l’on a pu retrouver des autochtones, ça date de 3 500 ans avant aujourd’hui.
Donc à cette époque-là, on ne peut pas encore parler de nations comme telles parce que c’est flou. Les gens chassent, pêchent, se déplacent, mais il n’y a pas encore de nations distinctes.
À ce moment-là, c’est la période lithique, la période où l’on avait besoin des pierres comme outils. Donc, on sait que les gens venaient ici surtout pour la carrière de pierre.
Par la suite, il y a eu d’autres emplacements. Donc à partir de 2 400, on découvre des sites où les gens sont venus pour des campements temporaires — campements de chasse, de pêche —par exemple.
Si l’on parle de lieux précis, on va parler des rapides de Lachine, de l’Île-aux-Hérons, où l’on a trouvé des vestiges de campements qui datent de 2 400 ans avant aujourd’hui.
Il y a 650 ans, là on peut retrouver des sites, de gens qui se sont installés un peu plus régulièrement. Donc on parle de zones domestiques. Les gens sont restés sur l’île pour tirer leur nourriture, pour y habiter, pour tous leurs rituels.
Donc les gens habitaient l’île. Ceux de qui l’on parle, ce sont les Hochelaguiens. On sait que ces gens-là ont habité au sud du mont Royal, parce qu’on a trouvé des choses qui nous indiquent cela, mais aussi parce que c’est un endroit stratégique pour protéger l’agriculture.
Donc, c’est à ce moment-là qu’on a eu les premiers contacts avec Jacques Cartier qui est venu sur l’île de Montréal.
À partir de l’arrivée de Jacques Cartier, jusqu’à l’arrivée de Champlain on sait que l’île a été occupée de façon sporadique par différents groupes, différentes nations qui sont venus chercher soit la pêche, soit la chasse, ou autrement pour faire des échanges entre les différentes nations.
Donc les débuts de Ville-Marie, ça s’est traduit justement, on voulait — les gens qui s’installaient ici les missionnaires, Marguerite Bourgeoys plus tard — on voulait convertir les Premières nations et faire en sorte qu’elles changent leurs habitudes de vie, qu’elles arrêtent de se promener.
Parce que l’on considérait que c’était primitif de quitter la place pour aller plus loin. Donc, il y a eu des guerres entre les Iroquois et les Français d’où l’alliance avec les différentes nations qui étaient ici en mission — les Hurons et les Algonquiens — qui étaient installés en mission à Ville-Marie.
Mais plus tard, il y a eu d’autres missions qui se sont installées un plus loin du côté du mont Royal avec par exemple les Sulpiciens, les Nipissings qui venaient de l’Ouest, avec d’autres nations qui étaient là et qui étaient alliées des Français aussi.
Il y a eu une des Premières nations qui s’appelait Kondiaronk, qui est parti avec le bâton de pèlerin comme je pourrais dire parce qu’à cette époque-là, parce que ce n’était pas évident de rencontrer les différentes nations pour faire en sorte qu’on arrive à une paix, pour préparer finalement la Grande Paix de Montréal.
Mais ça s’est préparé quatre, cinq ans avant, parce que pour rencontrer toutes les nations, pour les convaincre de converger vers l’île pour signer une entente avec les Français, ce n’était pas facile.
On calcule qu’il avait à peu près 1 300 délégués des Premières nations qui arrivaient colorées parce qu’ils arrivaient tous de nations différentes — soit du Mississippi, du Bas-Saint-Laurent, de différents endroits — qui arrivaient pour converger à Montréal, ça mis fin aux guerres franco-iroquoises — c’est quelque chose d’important dans l’histoire de la Nouvelle-France — et puis ça a mis fin à la guerre des fourrures. Donc, c’est vraiment un temps fort dans la Nouvelle-France et pour toute l’Amérique du Nord.
Ce fut quelque chose qu’on n’a pas revu pour des centaines d’années après. Donc, si l’on fait un grand saut dans l’histoire, on arrive en 1967, à Montréal, où c’est vraiment le Monde qui s’en vient, qui converge vers Montréal.
Pour moi, c’est un peu un rappel de la Grande Paix où l’on retrouve 39 nations qui arrivent à Montréal. Et puis là, tout d’un coup, il y a des nations de partout dans le monde qui vont converger vers Montréal, sur une île inventée, sur l’île Sainte-Hélène.
Il y avait beaucoup d’emplois offerts à ce moment-là et ce fut une opportunité pour les Premières nations d’occuper l’île, de venir sur l’île.
Et puis, ce fut important pour Montréal et pour les Premières nations, parce que les Premières nations s’y sont installées. Alors, beaucoup de ces Premières nations-là, qui sont arrivées ici en 1967 pour travailler à l’Expo, sont demeurées à Montréal et elles vivent maintenant à Montréal.
Aujourd’hui, on retrouve 40 000 Premières nations qui vivent sur l’île de Montréal. Et ces 40 000 là, elles sont multinationales. Certaines viennent de l’Ouest, d’autres du Sud, du Saint-Laurent, de partout et habitent maintenant sur l’île.
Ce qui est intéressant au sujet de ces Premières nations urbaines, c’est qu’il y a une génération qui est née sur l’île et qui n’a jamais connu autre chose.
Pour eux, la communauté de Montréal, c’est leur communauté. Il n’y a pas d’autres communautés qui existent. Ils ont vécu à Montréal et ont été élevés à Montréal.
Il y a eu un événement marquant aussi, pas seulement pour les Montréalais, mais pour tous les Québécois.
Les nations iroquoises se sont alliées — une solidarité — pour défendre, ce qui était d’après eux, quelque chose d’important : sauver le territoire.
Ce qu’on ne sait pas, c’est que dans l’histoire, les Premières nations, après la colonisation, quand ça s'est bien installé, les Premières Nations ont été poussées à la périphérie.
Cette crise-là, en fait, c’était une question de territoire sacré qui était dévolu à un cimetière.
Aujourd’hui, personne ne permettrait qu’on fasse un golf sur ce territoire et c’est ce qui est arrivé et qui a déclenché le conflit qui a dégénéré.
Je pense qu’aujourd’hui ça ne pourrait pas exister comme cela, mais à ce moment-là on ne savait pas — et même on a découvert — qu’il y avait des Premières nations qui habitaient encore ici sur le territoire.
On ne savait pas qu’il y avait encore « des Indiens » entre parenthèses, qu’il y avait 54 communautés dans le Québec.
On était ignorants complètement de cela. Et là, on a pris connaissance de l’existence, dans un conflit qui a duré tout l’été, parce que l’été il n’y a pas beaucoup de nouvelles et l’on a mis l’emphase sur ça pour justement faire la nouvelle, je pense.
Donc, il y a eu des manquements des deux côtés, et il y a eu des manquements du côté des gouvernements aussi. Mais, ça fait en sorte qu’on ne peut plus maintenant oublier les Premières nations. Elles sont là.
Elles ne sont pas toujours en conflit. Il y a des gens qui veulent faire des alliances. Il y a donc eu cet impact-là.
Ça a aussi fait parler du Québec à l’international, peut-être pas de la bonne façon, mais ça fait parler… Les gens ne comprenaient pas du tout le conflit, d’ailleurs les Québécois ne le comprennent pas encore, je pense.
Mais ce fut quand même un moment important qui a fait sortir de l’ombre l’existence des Premières nations au Québec.
On pourrait dire que maintenant, l’île de Montréal est occupée de manière permanente par les Premières Nations, mais au niveau culturel. Très fort. Avant, ce qui était plutôt des échanges, des alliances pour la survie, maintenant c’est plutôt du côté des échanges pour la survie culturelle je dirais.
Les Premières nations qui sont ici sont très présentes du côté culturel, mais aussi pour donner des services à d’autres Premières nations qui arrivent pour y habiter.
Alors les gens y viennent pour étudier bien sûr, mais il y a des gens qui viennent travailler. Il y a bien sûr tout le domaine culturel.
Il y a un groupe de théâtre par exemple qui est ici depuis 30 ans. La Présence autochtone, qui est un festival des Premières nations, qui se passe au mois d’août, est là aussi depuis 30 ans.
Donc, ça, c’est des marqueurs importants pour les Premières nations, mais aussi pour la population qui vit à Montréal. Et bien sûr, il y a tous les artistes qui s’inscrivent dans les galeries et qui font connaître la culture, donc développer un autre genre d’alliances avec les Premières nations.
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