Grand bâtisseur : Jack Layton
Le 22 août dernier, le chef du Nouveau Parti démocratique canadien Jack Layton est décédé à son domicile après avoir lutté contre le cancer. L’homme politique passera à l’histoire pour avoir été celui qui mena le NPD pour la toute première fois au rang de l’opposition officielle en remportant 103 sièges lors de la plus récente élection fédérale. Les gains de Layton annonçaient une ère de changement pour le Nouveau Parti démocratique.
Le NPD fut créé en 1961 pour remplacer le Parti social démocratique du Canada. Fondé pendant la Grande Dépression, le PSDC se positionnait comme le défenseur des réformes sociales et économiques. Le NPD a par la suite gardé cet héritage vivant. Le système canadien des soins de santé est attribué à Tommy Douglas, un ancien chef du parti.
Deborah Morrison, présidente de la Société Histoire Canada, a exprimé sa tristesse en apprenant la nouvelle du décès de monsieur Layton. «Jack Layton a apporté une vitalité à la politique canadienne pendant la majeure partie de sa carrière.
Nous devons l’admirer pour sa ténacité, son humanité et sa franchise, des qualités saluées lors de la plus récente campagne électorale et qui donnèrent des résultats impressionnants. Malheureusement, nous n’aurons pas le plaisir de le voir à l’œuvre de nouveau lors d’une future campagne. Le Canada a perdu une voix forte. »
La combativité de monsieur Layton et son talent de leader positif ont été remarqués dès son jeune âge alors qu’il militait et s’impliquait au sein de sa communauté d'Hudson, au Québec. Il s’est rapidement forgé une réputation de leader politique fort en siégeant au conseil municipal de Toronto et en assumant la fonction d'adjoint au maire.
En 2003, il fit son entrée sur l’échiquier politique fédéral, en remplaçant Alexa McDonough comme chef du parti NPD. Au cours de sa carrière politique, M. Layton aura mis à l’avant scène plusieurs questions sociales importantes notamment la pauvreté, la violence faite les femmes, le sida et l'itinérance.
La nouvelle du décès de monsieur Layton s’est répandue rapidement et des témoignages de sympathie et de tristesse ont inondés les bulletins de nouvelles. La chef Intérimaire du NPD, Nycole Turmel, a exprimé sa peine en déclarant: «Les néo-démocrates ont perdu un grand Canadien. Jack était un homme courageux. Son leadership m'a inspiré, et il a inspiré aussi plusieurs autres politiciens. Nous devons – membres du Parlement, néo-démocrates et Canadiens – nous rassembler pour poursuivre son œuvre et faire de ce pays un monde meilleur. Nous nous souviendrons aussi des paroles de Tommy Douglas que Jack aimait citer dans chacun de ses courriels : « Courage mes amis, il n'est jamais trop tard pour bâtir un monde meilleur ». »
Les témoignages de sympathie sont venus de toutes parts. Voici quelques-unes des déclarations faites par les collègues de monsieur Layton:
« Au nom de tous les Canadiens, je salue la contribution de Jack à la vie publique, une contribution qui va beaucoup nous manquer. Je sais une chose: Jack a fait tout ce qu’il pouvait pour lutter contre le cancer. En effet, Jack n'a jamais reculé devant un combat. » - Le Premier ministre Stephen Harper
« À la salle du Conseil, Jack Layton, était un débatteur éloquent qui répondait aux besoins de tous les résidents de Toronto. Jack était un combattant et il va nous manquer sur la scène politique canadienne. Au nom des membres du conseil municipal de Toronto, j'offre mes plus sincères condoléances à la femme de Jack, Olivia, à son fils Mike qui siège au conseil, sa fille Sarah, ainsi qu’aux autres membre de sa famille. » - Le maire de Toronto, Rob Ford
« Au nom du Parti libéral du Canada, je tiens à exprimer nos sincères condoléances à la famille d'Olivia et Jack, ainsi qu’à ses collègues et amis du Nouveau Parti démocratique. Il laisse un héritage puissant axé sur la justice sociale .» - Le chef du Parti libéral, Bob Rae
Dans une lettre écrite quelques heures avant sa mort, monsieur Layton a partagé un dernier message aux Canadiens. Son approche politique, sa vie et son combat contre la maladie étaient teintés par les mêmes valeurs et émotions. « Mes amis, l'amour est cent fois meilleur que la haine. L'espoir est meilleur que la peur. L'optimisme est meilleur que le désespoir. Alors aimons, gardons espoir et restons optimistes. Et nous changerons le monde. »
M. Layton a demandé à la député Nycole Turmel à demeurer la chef intérimaire du NPD jusqu'à ce qu'une ou un successeur(e) soit élu(e). Les Canadiens seront attentifs à la suite de l’histoire du NPD, une histoire où l’apport de Jack Layton est désormais incontestable.
Moments clés : la montée du N.P.D.
1932
Le Parti social démocratique du Canada (PSDC) est fondé à Calgary pour répondre à la Grande Dépression. Le PSDC rassemble les forces progressistes, socialistes et travaillistes qui demandent des réformes économiques permettant d’atténuer les effets pervers de la dépression. Un an plus tard, J.S. Woodsworth devient le premier chef du parti.
1935
Les Canadiens élisent sept députés du parti PSDC, ce qui représente 8,9%25 du suffrage exprimé. Tommy Douglas, le futur chef du parti et père de l’assurance maladie, remporte l'un de ces sièges.
1961
Le Nouveau Parti démocratique (NPD) est fondé à Ottawa sous la bannière sociale-démocrate. Le NPD naît grâce à l’union des forces du PSDC avec celles du Congrès du travail du Canada. Tommy Douglas devient le premier chef - un poste qu'il détiendra pendant 10 ans.
1969
Une faction de l'aile gauche, The Waffle, émerge au sein du caucus du NPD. Elle prône la nationalisation des industries canadiennes, le droit du Québec à l'autodétermination et l’émergence d’un mouvement ouvrier indépendant canadien. En 1972, elle se détache du parti NPD.
1972-74
David Lewis devient chef du NPD et détient la balance du pouvoir dans le gouvernement minoritaire libéral de Pierre Trudeau. Lewis a de l’influence en forçant l’adoption de lois diverses, dont une loi sur les dépenses électorales, l’indexation des pensions de retraite, la création de Pétro-Canada et l'Agence d’examen de l’investissement étranger.
1988
Le NPD obtient 43 sièges à la Chambre des communes, un des plus haut nombre à ce jour.
1993
Au début des années 1990, l’appui au NPD chute et le parti obtient 9 sièges lors des élections.
1995
Après les mauvais résultats de 1993, le parti s'engage dans une métamorphose. En 1995, après une convention nationale et un vote de parti, les membres élisent un nouveau chef, Alexa McDonough.
2003
Dans un scrutin à l'échelle nationale directe, Jack Layton, ancien conseiller municipal de Toronto, devient le chef du NPD.
2011
Jack Layton mène le NPD à un résultat historique en obtenant 103 sièges à la Chambre des communes et en formant l'opposition officielle pour la première fois dans l'histoire du pays.
Thèmes associés à cet article
Publicité