L’histoire de l’Action de grâce au Canada

D’où vient la tradition?

Écrit par Alison Nagy

Mis en ligne le 4 octobre 2018

La fin de semaine de l’Action de grâce. Pour bon nombre d’entre nous, elle marque le début de l’automne. Partout au pays, on ratisse les feuilles, on fait nos récoltes, on ferme le chalet et, espérons‑le, on mange un délicieux repas en compagnie de nos parents et amis. Mais d’où nous vient cette tradition?

En 1621, les pèlerins de la plantation de Plymouth, au Massachusetts, tiennent la première cérémonie de l’Action de grâce en Amérique du Nord afin de remercier Dieu pour la fin de la sécheresse et une récolte abondante.

Sans l’aide des Wampanoag, qui ont transmis aux pèlerins leurs techniques et connaissances sur la chasse, la pêche et l’agriculture, ces derniers seraient morts. Certains documents indiquent que la première Action de grâce officielle s’est tenue environ 14 ans avant cet événement. 

But en fait, ça c’est l’histoire de nos voisins du sud…

Croyez-le ou non, l’Action de grâce au Canada, ou sur le territoire qui deviendra plus tard le Canada, a sa propre histoire, distincte de celle de nos voisins américains.

La tradition de rendre grâce existe depuis bien avant l’arrivée des colons européens en Amérique du Nord.

Les Premières Nations de Turtle Island avaient coutume de rendre grâce pour avoir survécu à l’hiver et pour leurs récoltes et leurs chasses, fruit de leurs efforts. Ces traditions reposaient sur des festins, des prières, des danses, un potlatch et d’autres cérémonies, selon les peuples.

En ce qui concerne l’Action de grâce des Européens au Canada, il y a plusieurs histoires à raconter.

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Selon ce que l’on en sait, en 1578, l’explorateur anglais Martin Frobisher et son équipage rendaient grâce et pratiquaient la communion, soit sur terre, à Frobisher Bay, actuellement le Nunavut, soit à bord du navire ancré dans la baie. Les explorateurs mangeaient du bœuf salé, des biscuits et de la purée de pois et remerciaient Dieu pour leur arrivée, sains et saufs, sur le territoire qui est aujourd’hui Terre-Neuve. On qualifie cette cérémonie de première Action de grâce canadienne, soit 43 ans avant le premier « Thanksgiving » américain.

Quarante-huit ans plus tard, le 14 novembre 1606, les habitants de Nouvelle-France, sous la gouverne de Samuel de Champlain, tenaient de grands festins auxquels étaient conviés les Mi’kmaq de la région et les colons français. Même s’ils ne le savaient pas à l’époque, les colons évitèrent le scorbut grâce aux canneberges, gorgées de vitamine C. Ce sont les Mi’kmaq qui firent en effet découvrir la canneberge aux Français, qui les appelaient petites pommes rouges.

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Les festins de Champlain avaient lieu plus d’une fois par année. Pour éviter les épidémies de scorbut qui décimèrent la colonie de l’Île Sainte-Croix lors des derniers hivers, Champlain fonda l’Ordre de Bon Temps, pour servir régulièrement des repas festifs.

Les traités de médecine recommandaient une meilleure alimentation (en plus grande quantité) et des divertissements pour combattre le scorbut.

Cependant, malgré l’histoire de nos Actions de grâce canadiennes, notre vision moderne de cette fête est fortement influencée par celle de nos voisins américains.

Les aliments généralement associés au « Thanksgiving » traditionnel, comme la dinde d’Amérique du Nord, la courge et la citrouille, seront introduits par les Néo-Écossais dans les années 1750. Après la guerre de l’Indépendance américaine, les Loyalistes de l’Empire-Uni s’attacheront à répandre cette tradition dans d’autres régions du pays.

Aujourd’hui, l’Action de grâce canadienne se tient le deuxième lundi du mois d’octobre, tous les ans, du moins depuis que le Parlement canadien l’a décrété le 31 janvier 1957. Avant cette date, l’Action de grâce canadienne se fêtait sporadiquement, souvent en même temps que d’autres événements et anniversaires importants.

En 1879, l’Action de grâce sera déclarée officiellement comme une fête nationale, se tenant le 6 novembre.


Le plus récent changement de date, soit au deuxième lundi d’octobre, est essentiellement attribuable aux première et deuxième guerres mondiales, que nous commémorons officiellement chaque année, le 11 novembre, jour du Souvenir. On évitait ainsi que les deux événements n’aient lieu la même fin de semaine.

Comme l’Action de grâce du Canada a été célébrée à des dates différentes, et même si elle est généralement fêtée le lundi, les familles se réunissent également pour rendre grâce le samedi ou le dimanche. 

La plupart des Canadiens ont bien accueilli ce changement de date au mois d’octobre, puisque cette période coïncide mieux avec la véritable fin des récoltes ici, au pays.

Le Parlement a officiellement déclaré que l’Action de grâce visait à « remercier le Dieu tout puissant pour les récoltes généreuses dont il fait bénéficier le Canada ».

Même si cela n’est plus tout à fait vrai pour l’ensemble des Canadiens, l’idée de rendre grâce, de passer du temps en famille et de partager un bon repas demeure intemporelle.

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