Nazaire Dugas | Premier architecte acadien professionnel du Nouveau-Brunswick
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Portrait de Nazaire Dugas avec sa première femme, Rose Moreau. Photo prise lors de leur mariage à Cacouna, Qc, 1898.Photo Collection Guy Beaucage et Diane Landry
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Moulin des frères Henri et Nazaire Dugas, Haut-Caraquet, NB, 1899. Il s’agit d’une entreprise régionale de grande importance qui fournira le bois de charpente et de finition pour plusieurs projets majeurs de l’époque. Elle fut consumée par les flammes en juillet 1946. Seuls deux raboteuses et un coffre à outils furent sauvés du brasier.Photo Collection Diane Landry (extrait de Yvon Cormier, Caraquet Le plus long village au monde, Les Éditions de la francophonie, 2015, page 152).
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Collège Sacré-Cœur de Caraquet, NB. Construit en 1894. Incendié en décembre 1915, ce collège éduque de centaines de garçons de 1899-1915.Photo du haut : APNB fond Père Courtois (extrait de Yvon Cormier, Caraquet Le plus long village au monde, Les Éditions de la francophonie, 2015, page 115). Photo du bas : Archives Radio-Canada.
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Hommes de Bas-Caraquet devant le cœur de l’église en construction. Vers 1904 .Collection Fidèle Thériault
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Coupe longitudinale de l’église Saint-Raphaël de Lamèque, NB. 1910.
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Détails du grand châssis de l’église Saint-Paul de Bas-Caraquet. La diversité des échelles de dessin de Nazaire Dugas (des plans généraux aux détails divers) semble démontrer sa compréhension globale des projets d’architecture de même que sa bonne connaissance technique.
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Château Albert, Caraquet NB. Construit en 1907 selon les plans de Dugas, il fut détruit par les flammes en 1955. Une copie de cet hôtel emblématique a été reconstruite au Village Historique Acadien où l’on peut encore y résider aujourd’hui.Photo Collection Yvon Cormier
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Élévation de l’annexe du Couvent Notre-Dame de Caraquet, NB. Lors de la construction, en 1905, les constructeurs ont dû faire venir des maçons de Beauport au Québec en raison du manque de main-d’œuvre. Cette situation pourrait expliquer pourquoi Nazaire a opté pour le bois dans ses projets postérieurs.
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Chaudière à vapeur destinée au moulin des frères Dugas, vers 1910. On y voit en haut Francis Dugas, au milieu Albert (à Nazaire) Dugas et en bas Nazaire Dugas, Théotime Dugas, Ferdinand Dugas et Pierre Dugas.Photo Collection Yvon Cormier
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Élévations de la maison James Archer. Bâtie à Caraquet en 1913, cette demeure hébergea la centrale téléphonique de Caraquet de 1933 jusque dans les années 1960. Il s’agit de l’une des rares maisons de Dugas qui est bien documentée et qui existe toujours aujourd’hui.
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Dessin de la Façade principale et coupe du Magasin TJB Leger (1907). Toujours existant, cet immeuble abrite aujourd’hui un café et une librairie fréquentés de Caraquet.
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Détail d’escalier pour Philip Rive. Dans un grand nombre de ses dessins, on remarque l’attention particulière que Dugas porte aux détails liés à la menuiserie. Cet intérêt est probablement né de son expérience à la manufacture d’un oncle de sa première femme, la menuiserie « Itzweire et Sarrazin ».
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Consultation des calepins de Nazaire Dugas dans le cadre du projet de recherche création de Nordais Collectif réalisée grâce au prix John Bragg 2023 d’Histoire Canada. Ces items sont conservés aux archives provinciales du Nouveau-Brunswick.Photo : Nordais Collectif 2023
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Notes « quotidiennes » dans l’un des calepins de Dugas. On y voit qu’en 1937 la première neige est tombée sur Caraquet le 8 novembre.Photo : Nordais Collectif 2023
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Liste de reçus de 1918 du moulin H. & N. Dugas. Nazaire Dugas réutilisait des livres, dont ceux de la Chambre des communes, pour ses registres. L’entête de cette page montre qu’elle était originalement destinée au « Special Committee to Strike Standing Committees » sur lequel ne siégeait nul autre que Sir. Wilfrid Laurier, premier ministre (1896-1911).Photo : Nordais Collectif 2023
Né à Caraquet, au Nouveau‑Brunswick, Nazaire Dugas (1864-1942) est le premier architecte acadien à vivre de sa profession. Il crée des plans pour de grands bâtiments de la région, ainsi que pour de nombreuses résidences privées et entreprises. Son savoir‑faire conceptuel, technique et pratique a exercé une grande influence sur le développement de toute la péninsule acadienne. Malgré cet exploit, son œuvre reste méconnue et son patrimoine bâti risque l’abandon ou la démolition.
Nazaire Dugas, 1864-1942 | Premier architecte acadien professionnel du Nouveau-Brunswick
La ville acadienne de Caraquet est reconnue pour sa magnifique vue sur la baie des Chaleurs. Cependant, en sillonnant le long boulevard qui la traverse, notre regard se pose aussi sur plusieurs bâtiments d’une beauté discrète. On y remarque d’anciennes résidences au revêtement de bois chaleureux et ornées de moulures travaillées. Un café achalandé dont l’élégante devanture laisse transparaître une histoire centenaire. Les vestiges d’un ancien couvent de pierre, dont la façade sert désormais de toile de fond à des manifestations culturelles en plein air. Ces édifices partagent une origine commune : celle de l’architecte qui a su inspirer les habitants de la péninsule Acadienne par sa quête de beauté, Nazaire Dugas.
De Caraquet à Montréal
Né à Caraquet le 26 juillet 1864, Nazaire Dugas est l’un des pionniers de l’architecture au Nouveau-Brunswick. Arrivé à Montréal au début des années 1880 pour retrouver deux de ses sœurs religieuses, il se familiarise avec le métier de menuisier dans l’atelier de l’oncle de sa première femme, connu sous le nom de « Itzweire et Sarrazin ». Nazaire demeure dans la métropole une vingtaine d’années au cours desquelles il étudie aussi l’architecture sous la direction de F. Bourgeault. Durant cette période, il dirige de nombreuses constructions dans la région de Montréal et travaille avec de grands architectes contemporains comme Joseph-Honoré MacDuff (1868-1918) et Louis-Roch Montbriand (1860-1923).
De Montréal à Caraquet
En 1896, bien qu’il réside toujours à Montréal, il conçoit déjà des maisons dans la péninsule acadienne et s’associe à son frère Henri pour acheter un moulin à scie et à bardeau à Caraquet. Les frères y ajoutent une minoterie, une ébénisterie, ainsi qu’une manufacture de portes, fenêtres et moulures pour créer la manufacture H. & N. Dugas, qui sera malheureusement la proie des flammes durant l’été 1946.
En 1902, Nazaire retourne à Caraquet, avec sa femme Rose Moreau et leurs deux enfants. Le couple aura en tout six enfants (Philibert, Oscar, Yvon, Édouard, Albert, Adrienne) avant que la tuberculose n’emporte Rose en 1910. Trois ans plus tard, Nazaire épouse Rose Haché en deuxième noce avec qui il aura une fille, Julienne.
Il vit à Caraquet le reste de ses jours et y demeure le véritable maître d’œuvre d’importantes constructions de plusieurs communautés régionales. En plus d’exercer ses talents d’architecte, il fournit matériaux et savoir-faire pratique par le biais de la manufacture H. & N. Dugas dans laquelle, paraît-il, il allait aussi travailler de ses mains.
Homme organisé et méticuleux, il tient un registre quasi quotidien de ce qui se passe dans sa communauté (naissance, visites, événements météorologiques, etc.). Il s’implique en politique et entretient d’excellentes relations avec le clergé local. Il participe d’ailleurs à un pèlerinage à Rome en 1925, où il tient une audience avec le pape Pie XI. Arborant une moustache caractéristique, il est aussi un personnage reconnu pour ses talents de conteur.
L’héritage architectural de Nazaire Dugas : son importance et sa fragilité
Le legs de Nazaire Dugas est capital pour le patrimoine architectural de plusieurs communautés du nord-est du Nouveau-Brunswick où de nombreux bâtiments emblématiques de l’identité collective tels que des églises, des collèges, des couvents, des écoles, des commerces et des hôtels sont le fruit de son labeur. Ses principales œuvres sont surtout réalisées durant la première décennie du XXe siècle. On pense ici, entre autres, à l’église de Bas-Caraquet (1904), aux agrandissements du Collège de Caraquet (1903 et 1907) et au couvent des Sœurs de la Congrégation Notre-Dame (1905). Architecte polyvalent, il établit aussi les plans et les devis de plusieurs presbytères, salles paroissiales ou résidences privées. Il conçoit également du mobilier et divers objets tels que des traineaux, des barils et divers équipements techniques.
Décédé en 1942, ses créations ont toujours été au centre de la vie communautaire locale en hébergeant une grande variété d’usages tel que magasin général, gîte, hôtel, lieu de culte et d’enseignement, centrale téléphonique, écomusée, café boulangerie, maison d’artistes, etc.
Toutefois, seule une dizaine de ses bâtiments connus existent encore aujourd’hui.
L’église de Bas-Caraquet, malheureusement, est la plus récente de ses réalisations à avoir été détruite, à la suite d’un incendie en 2018. Un projet de recherche-création de Nordais Collectif est en cours pour valoriser l’œuvre et les archives de ce personnage unique.
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Le prix John Bragg est rendu possible grâce au généreux soutien de la River Philip Foundation.