Des femmes noires montrent la voie

Elles se sont entraidées, elles ont soutenu leur famille et leur communauté, elles se sont battues contre la discrimination et elles ont amené des changements de société.
Texte par Natasha Henry Mis en ligne le 15 novembre 2023

« Être des sœurs, c’est puissant. » — Rosemary Brown

La Queen Victoria Benevolent Society a été fondée à Toronto dans les années 1840. Elle était dirigée par Ellen Toyer Abbott, née libre à Baltimore, au Maryland. Après avoir épousé Wilson Ruffin Abbott, elle s’est installée avec lui à Toronto. (Leur fils, Anderson Ruffin Abbott, a été le premier médecin noir né au Canada.) La société fournissait de l’argent aux femmes dans le besoin, y compris aux esclaves en fuite nouvellement arrivées, ainsi qu’à ses membres qui étaient malades ou qui avaient besoin d’aide pour payer des funérailles.

Le Club des femmes de couleur de Montréal a été fondé en 1902 par des femmes noires dont les maris travaillaient comme porteurs dans les wagons-lits des trains. Anne Greenup en a été la première présidente. Le club a été formé parce que les organismes de charité administrés par des Blancs n’aidaient pas les femmes noires dans le besoin. Il a contribué à la création de l’église Union United en 1909, la plus vieille église noire de Montréal. Le club offrait des bourses aux étudiants noirs, gérait une soupe populaire, aidait à acheter des lots dans les cimetières pour les familles qui ne pouvaient pas se le permettre et offrait à ses membres des services gratuits de garde d’enfants.

Le Hour-A-Day Study Club, de Windsor (Ontario), qui a été créé en 1934 et qui demeure actif, est une des plus anciennes organisations sans but lucratif menées par des femmes au Canada. Ses membres s’engageaient à étudier une heure chaque jour. Elles s’informaient sur le développement des enfants, visitaient de nouvelles mères et donnaient des livres pour les nouveau-nés. À une époque où les jeunes Noires n’avaient pas le droit d’étudier en sciences infirmières, le club a écrit au ministre de la Santé de l’Ontario et à l’Université de Toronto pour leur demander de mettre fin à cette discrimination. Dès le début des années 1950, les femmes noires ont commencé à être acceptées comme élèves infirmières et à pouvoir travailler dans les hôpitaux. Le groupe continue de fournir des bourses aux jeunes Afro-Canadiens de la région de Windsor-Essex.

« Les gens me disaient que ce n’était pas une bonne idée pour une fille de devenir avocate, surtout une fille de couleur — alors j’ai foncé. » — Violet King, 1956

Le Brotherhood of Sleeping Car Porters Union (la Fraternité des porteurs de wagonslits) a été le premier syndicat réservé aux travailleurs noirs. Il a été créé en 1917 parce que les syndicats représentant les Blancs qui travaillaient pour les chemins de fer refusaient de les admettre. (Un syndicat est une organisation qui aide les gens à se faire traiter équitablement par l’entreprise pour laquelle ils travaillent.) La section Ladies Auxiliary regroupait les femmes et les filles de ces travailleurs. (Le mot « auxiliary » signifie « auxiliaire », ce qui désigne quelqu’un qui aide les autres.) Ces femmes organisaient des congrès et recueillaient des fonds pour offrir des bourses à des étudiants noirs. Violet King (cidessus) a reçu une de ces bourses. Elle est devenue en 1954 la première avocate noire au Canada.

Le Congrès national des femmes noires du Canada (anciennement le Canadian Negro Women’s Club) a été fondé en 1973, sous la direction de Kay Livingstone. C’est un organisme national sans but lucratif qui travaille à l’amélioration de la vie des femmes noires. Il défend leurs droits fondamentaux, leur offre des programmes, proteste contre les injustices et fournit des espaces de soutien et de travail communautaire.

Cet article est paru à l’origine dans le numéro Hiver 2022 de Kayak : Navigue dans l’histoire du Canada.

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